Warning: mysql_fetch_array(): supplied argument is not a valid MySQL result resource in /mnt/109/sda/7/2/systeme.educatif/services/s_database.php on line 395

Warning: mysql_free_result(): supplied argument is not a valid MySQL result resource in /mnt/109/sda/7/2/systeme.educatif/services/s_database.php on line 377

Warning: mysql_fetch_array(): supplied argument is not a valid MySQL result resource in /mnt/109/sda/7/2/systeme.educatif/services/s_database.php on line 395

Warning: mysql_fetch_array(): supplied argument is not a valid MySQL result resource in /mnt/109/sda/7/2/systeme.educatif/services/s_database.php on line 395

Warning: mysql_fetch_array(): supplied argument is not a valid MySQL result resource in /mnt/109/sda/7/2/systeme.educatif/services/s_database.php on line 395

Warning: mysql_free_result(): supplied argument is not a valid MySQL result resource in /mnt/109/sda/7/2/systeme.educatif/services/s_database.php on line 377
Système éducatif français : base de données, informations, analyses de questions d’actualité. Système éducatif français : base de données, informations, analyses de questions d’actualité.

Warning: Variable passed to each() is not an array or object in /mnt/109/sda/7/2/systeme.educatif/portlets/p_menu.php on line 79

Chapitre 5 – Divergences d’appréciation sur les "représentations, les objectifs de l’Ecole et de l’enseignement.La génération Y existe-t-elle vraiment? ''Tout ne va pas si mal en France''dossier fait par Sud-Ouest du24/04/2016.07/06/2016N

Le site de Jacques Nimier.

Dans son site Jacques Nimier se livre à une analyse de quelques articles parus dans "Le Monde" (http://perso.wanadoo.fr/jacques.nimier/). Nous synthétiserons ici, avec l'autorisation de l'auteur, ce qui nous apparaît comme la quintessence. Tout un chacun voudra bien se référer au site et aux articles cités pour un contenu exhaustif.



* disciples de Finkielkraut.

** disciples de Meirieu (1**)

L’objectif de l’École c’est :

la formation des esprits qui se fait par l’instruction,

la transmission du savoir.

On refuse la démagogie de l’innovation pédagogique et de l’égalitarisme.

On veut quasiment clouer au pilori la créativité, la spontanéité.



L’enseignement par disciplines n’est nullement dépassé et l’interdisciplinarité n’est pas une panacée.

L’objectif de l’École c’est :

la formation de citoyens autonomes, épanouis et pourvus

d’esprit critique.

Il importe de favoriser l’expression personnelle qui n’est pas incompatible avec la culture.

C’est dans l’interdisciplinarité qu’un jeune exercera le mieux ses qualités intellectuelles. Il faut inciter les élèves à prendre l’habitude de lire et les aider à comprendre que la lecture est non seulement un exercice imposé mais aussi un plaisir.

On veillera à solliciter les qualités de créativité et de spontanéité, l’autonomie1.

L’autorité éducative doit permettre à l’enfant de s’épanouir.

On refuse l’idée que l’enseignement est archaïque, que les jeunes n’en veulent plus et que leur seule volonté est d’interréagir.

On fait confiance aux enseignants qui maintiennent l’école dans sa mission de transmettre des connaissances et de formation de l’intelligence



On parlera plus de la Loi que de l’autorité du maître.



Il faudra veiller à ce que l’immobilisme et le corporatisme ne gagnent pas les enseignants.

La personne est un ensemble de fonctions : perception, émotion, volonté, mémoire indépendantes les unes des autres .On donnera à l’école pour seul objectif la formation

de l’intelligence par la transmission des connaissances que possède le maître.

Des exercices comme la dissertation permettront la rencontre des intelligences du maître et des élèves..

On s’attache aux disciplines qui seules comptent pour la formation de l’intelligence.



D’où les réactions violentes contre les attaques à l’encontre des professeurs, contre les suppressions d’heures de cours.

On n’accepte pas de faire un nouveau métier qui n’est plus le métier d’humaniste.

Perception, volonté, émotion, mémoire n’agissent pas séparément mais en interaction. Il convient donc de s’intéresser à toute la personne de l’élève.

Ce n’est pas une rencontre d’intelligences en classe mais une rencontre de personnes.

L’élève construira ses connaissances. On sera sensible à l’interaction des disciplines (interdisciplinarité+TPE).

Il faut former les enseignants à un métier tourné vers le jeunes dans son ensemble. L’école doit engager un effort important pour préparer les jeunes à être des citoyens accomplis dans un monde en perpétuelle évolution (exercice de la démocratie). D’où la nécessité de faire évoluer les pratiques des enseignants.

Œuvrer pour des programmes moins contraignants et

faire baisser le niveau des exigences.

Les liens

Connaître, reconnaître et sauvegarder l’héritage des ancêtres. Préserver le passé, les racines, les valeurs.

D’où :

défendre les langues anciennes

la littérature, la Culture.

la dissertation (culture de l’écrit).

les horaires.

les disciplines telles qu’elles existent.

On aura un intérêt discret pour le multimédia.

On gardera une relation avec le passé dans tous les domaines.

Ce n’est pas de l’inertie car l’héritage a fait ses preuves.

C’est aussi agir dans l’intérêt du présent de chacun.

Opposition à réformer pour réformer.

Les liens

On s’intéressera plutôt à l’espace dans lequel évoluent tous ceux qui nous entourent hic et nunc. Pas d’intellectualisme

pur et dur. La Culture n’est plus le seul lien important. On recherchera une culture commune où triompheront des vertus comme solidarité-fraternité dans une classe hétérogène.

Il faut communiquer avec les autres, apprendre à s’exprimer clairement, oralement et par écrit. On utilisera les TICE et on favorisera la créativité.

On portera de l’intérêt aux disciplines scientifiques et technologiques qui marquent le désir de mieux comprendre le présent et de faire face à l’avenir. Pas d’ambiguïté entre éducateur et éduqué. L’éduqué doit s’approprier ce qu’on lui apprend mais il doit l’enrichir personnellement en ne se contentant pas de reproduire, refaire, redire

Démarche

On part de l’idéal pour chercher à y amener le jeune.

C’est l’idéal qui est le plus important et tout ce qui l’amoindrira ne sera pas accepté.

Refus de la formule péremptoire et jugée haineuse : C‘est à l’école de s’adapter à l’élève et non l’inverse. Propos similaires tenus par X.Darcos devant des enseignants en grève pour agression sur collègues (droit de retrait).

Démarche

On part de la réalité pour mener le jeune à l’idéal.

L’accent est mis sur l’élève et donc sur la prise en compte de ce qu’il est. C’est l’article premier de la loi d’orientation de 1989 : le service public est conçu et organisé en fonction des élèves et des étudiants. Les parents ont leur place dans le système éducatif article11: les parents d’élèves sont membres de la communauté éducative.



(1**) Philippe Meirieu, qui croit à l’élitisme pour tous, est pris pour cible, depuis des années, par ceux qui lui reprochent d’avoir légitimé des innovations contestées notamment des techniques interactives qui font de l’élève le partenaire du professeur.



Pour ce qui nous concerne nous pensons qu’il n’y a pas lieu d’exclure radicalement l’une ou l’autre de ces analyses mais qu’au contraire il faut les considérer parfois comme complémentaires. Ce que synthétise bien Heidegger en écrivant :l’arbre pousse par ses branches mais aussi par ses racines.





Bibliographie :

-* Claude Allègre ,énième pompier pyromane. (Collectif) 24/03/2000

-** Education, la mauvaise foi de la contre-réforme (Tzvetan Todorov) 31/03/2000

-* Langues anciennes: on nous a trompés (J.de Romilly-J.P. Vernant) 31/03/2000.

-** Contre l’immobilisme et le corporatisme (120 signatures) 31/03/2000

-** Une odieuse chasse au pédagogue (Ph. Meirieu 12/05/2000.

-* La révolution cuculturelle à l’école (A. Finkielkraut) 19/05/2000.

Un esprit cartésien peut voir dans ces représentations (encore existantes en 2007 même si elles sont un peu émoussées) la nécessité d’être à l’écoute les uns des autres pour s’enrichir de réflexions de qualité et solides, fruits de convictions personnelles qui ont en commun la réussite des jeunes dans la société telle qu’elle est ou comme d’aucuns souhaiteraient qu’elle soit. Il n’est pas concevable de vouloir clouer au pilori la créativité, la spontanéité. Ce ne peut être qu’un excès de langage. En effet tout le monde sait qu’elles sont des trésors indispensables au développement de l’enfant, aux progrès du monde environnant mais qu’elles ont nécessairement besoin du travail régulier de l’élève pour atteindre leur plénitude et acquérir le savoir. Par ailleurs nous pensons que l’éducation est à la charnière du passé (tradition) et de l’avenir (liberté de créer). A l’enseignant de tisser ce lien.

En guise de conclusion et à la fois d’ouverture vers d‘autres questionnements nous citerons des propos d’ A.Prost (le Monde 22/062000) que M.Nimier a soumis à notre lecture :"Il peut y avoir dans l’enseignement des dérives qu’il faut combattre; mais pas avant d’avoir reconnu et mesuré l’ampleur des difficultés. Or elles tiennent aux élèves. Non qu’ils soient moins vifs ou moins intelligents ; ce n’est pas une question de niveau mais de comportement. Beaucoup d’entre eux ne se comportent plus comme des élèves ; on ne sait plus comment les faire travailler et, sans ce travail, quelque chose d’essentiel se défait, qui est grave pour la société toute entière. Cette situation radicalement nouvelle n’appelle pas des diatribes, mais un travail d’analyse et d’explication"

Discussions, dialogues, rencontres, écoute de l’autre, regard sur l’autre, devraient permettre à nos élèves d’atteindre ce que Cl. Allègre appelle : "un style de vie équilibré et harmonieux…où le travail et le loisir s’équilibrent, où la laïcité, donc la tolérance, est la règle, où le savoir, l’intelligence et la créativité sont reconnus comme les principales vertus de l’Homme (in L’Université asphyxiée--.Libération du 16/12/03).

Pourquoi cette opposition entre hier et aujourd’hui ?

On ne devrait pas opposer systématiquement le passé et le hic et nunc (le présent). Ils sont l’avers et le revers d’une même médaille. Et il n’y a pas d’avenir sans passé, sans Histoire, sans mémoire. Nous avons tous hérité d’un certain passé, d’une certaine culture. Dans plusieurs régions de France, jeunes et moins jeunes s’efforcent ensemble de retrouver des traces des liens intergénérationnels dans la culture de leurs ancêtres. C’est le cas notamment de la Bretagne, du Pays Basque, de la Catalogne, de l’Occitanie…régions fières d’appartenir à une humanité commune. Il faut aussi introduire la nuance et ne pas croire que tout ce qui est moderne, jeune, est forcément beau et bon et que tout ce qui est vieux ou ancien est forcément laid, inutile.

C’est navrant et injuste d’entendre dire – particulièrement à propos de certaines pratiques pédagogiques actuelles– que c’était mieux avant. Ce n’est pas la réalité : avant, c’était différent, sans plus ! L’école des années 2000 avec ses centaines de milliers d’immigrés et leurs cultures différentes, ses quartiers aux énormes difficultés d’intégration, son changement de statut dû en partie à son passage de la ruralité à une plus grande urbanisation, la multiplicité des technologies modernes, a été bouleversée en profondeur et dans son quotidien. Les choses ne peuvent plus être à l’identique même si leur finalité – savoir lire par exemple – est la même. Les moyens évoluent avec le temps.

La nostalgie c’est certes le regret d’une époque révolue, dépassée mais c’est avant tout le symbole d’une jeunesse qu’on ne retrouvera plus jamais et qui s’éloigne de nous, dans le temps et l’espace. Quelque chose qui nous est personnel nous manque indiciblement . Mais que vaut la force de la nostalgie – même si, inconsciemment on la cultive depuis sa prime jeunesse – comparée à la violence du tsunami de la marche en avant du monde ? La nostalgie n’est certainement pas le moteur de la modernité. C’est Simone de Beauvoir qui disait : le présent n’est pas un passé en puissance, il est le moment du choix et de l’action. Pour ce qui est des résultats de l'école, beaucoup de personnes mythifient leur enfance sans se rendre compte des échecs de cette époque où jamais plus d'un jeune sur deux n'obtenait le Certificat d'études primaires.

Ce n’est pas parce qu’on aura vu les films sur l’école d’hier comme : Être et avoirle Pensionnat de Chavagnes - les Choristes, qu’on en tirera des actions modèles transposables à notre époque..

Nous adhérons à la réflexion de Laure Dumont, auteur de Globale ou B.A-BA chez Robert Laffont , qui déclare (in Le Figaro du 07/09 /06 – article de Christine Ducros) que l’école est une histoire d’avenir. Naturellement il faut y apprendre la lecture, la conjugaison et le calcul [qui resteront toujours les savoirs fondamentaux] mais il faut surtout expliquer aux enfants à quoi sert l’école et leur dire qu’elle peut être leur planche de salut. C’est aussi dans cet article qu’on évoque la méthode syllabique (1906)de Mathurin Boscher, méthode dont le ministre G.de Robien se fait le thuriféraire…

Stella Baruk, chercheur en pédagogie y avouait : l’école d’aujourd’hui n’a aucun intérêt à être celle d’hier. Celle-ci est désormais idéalisée mais tout le monde n’y réussissait pas….malgré les leçons de morale et les zéros de conduite moins de 50% des écoliers obtenaient le certif pour pouvoir réussir le concours des Postes… Il ne faut pas vouloir rétablir à tout prix des recettes du passé car il ne s'agit que de recettes d'une école inégalitaire dont la génération ne comptait que 15 à 20% d'élèves qui continuaient des études longues.

Il faut éviter de supprimer la chronologie car on court le risque de modeler des jeunes sans repères avec un passé récent ou lointain.

L’esprit de Mai 68.

Que d’anathèmes jetés contre cette révolution! On l’a raillée, démonisée, condamnée ,vouée aux gémonies…C’était l’époque - entend-on dire encore aujourd’hui - de la perte totale des valeurs (civisme, sécurité), du laxisme le plus complet, de la permissivité la plus large, l’époque de la chienlit pour reprendre une expression gaullienne. La pensée 68 serait coupable d’avoir profané ce qui était sacré, d’avoir soumis sentiments, valeurs, au couperet glacé de la créativité, de l’invention. Plus personne ne respectait plus personne. Joseph Macé-Scaron disait : c’est le problème de 68. On a tué l’autorité et on a ouvert la champ à la violence.

On connaît par la presse les accusations bien chevillées au corps de certains politiques, de certains philosophes qui font de 68 (cf La Pensée 68 de Luc Ferry et A.Renaut – Gallimard 1985) la cause directe des maux de notre société (cependant - et c’est très important - Mai 68 n’est pas responsable des ghettos sociaux ni du chômage endémique), des problèmes de l’école, au point que certains n’acceptent pas ou tout au moins regrettent la Convention Internationale sur les Droits des Enfants votée le 20/11/89 par l’Assemblée des Nations Unies et ratifiée par la France le 7/10 /90. Pour ce qui est de Luc Ferry, on ne peut que s’étonner de l’avoir vu, à la fois, dénigrer la pensée 68 et participer, en tant que Président du Conseil national des programmes, aux réformes voulues par les ministres de gauche Cl. Allègre et Jack Lang…

Cette Convention qui modifie les comportements des jeunes n’est pas suffisamment connue de tous : adultes et enfants. Finkielkraut 2(Revue Autrement n°12 - sept.91) exprimera notamment ses inquiétudes pour ne pas dire son opposition à propos de cette convention. Il s’étonne qu’on puisse dire et a fortiori qu’on puisse décréter qu’un enfant est responsable. Il parle d’angélisme à propos de cette convention. Il s’insurge et est persuadé qu’on supprime le droit à l’enfance c’est à dire à l’irresponsabilité, à l’immaturité donc au progrès. Pour lui, traiter un enfant en personne non responsable c’est le respecter. Le traiter en personne responsable c’est risquer de l’abîmer à tout jamais. J.Pierre Rosenczveig (Institut de l’enfance et de la famille) affirme de son côté3 que l’enfant a des responsabilités, à son niveau, ni plus ni moins. Il ne faut donc pas considérer un enfant comme un être fragile qu’on doit protéger mais comme quelqu’un de jeune qui a quelque chose à dire et à faire.

Certes 68 a généré des excès mais ce mouvement tant décrié – mouvement gigantesque de la jeunesse étudiante associée aux ouvriers - était poussé par un idéal fédérateur : idéal d’égalité, combat contre les conventions et l’arbitraire des classes dominantes, réveil des libertés individuelles et des luttes collectives .

Dans le Monde 2 du 6/11/04 Edwy Plenel (En défense de Mai 68) écrit : Mai 68 gêne parce que loin des majorités forcées et des obéissances enrégimentées, ce fut une révolte des individus : la conquête des droits collectifs par les libertés individuelles; une liberté collective par le droit des individus Et, s’il en est une preuve, c’est la cause des femmes.

Mai 68 c'est aussi les accords de Grenelle, l'entrée des syndicats dans les entreprises, des mesures sur les retraites ...la lutte contre le pouvoir personnel, contre la concentration des pouvoirs.

Mai 68 c'est l'époque où la parole se libère, c'est l'ouverture brutale de la culture française au dialogue social et médiatique, c'est la mise en cause de la société de consommation, c'est l'apparition de nouvelles valeurs centrées autour de l'autonomie, c'est la primauté de la réalisation personnelle, c'est la créativité, la valorisation de l'individu, Mai 68 a contribué à libérer l'individu des traditions cadenassées, c'est aussi la libération sexuelle, le développement du féminisme (le MLF), l'autorisation de l'avortement. Dans la pédagogie scolaire, la dimension de la parole libre, du débat s'accroît, la discipline autoritaire fait place petit à petit à la participation et on redéfinit les règlements scolaires dans les établissements. Par ailleurs c'est Mai 68 qui entraînera le référendum sur la régionalisation et qui aura des conséquences vers 1973 dans la remise en cause de l'armée et de la force de frappe nucléaire – questions qui interpellent encore les citoyens de nos jours. C'est Mai 68 qui favorisera l'éclosion des mouvements écologiques (Brice Lalonde, Bové) et les ONG comme Médecins sans frontières et ensuite Médecins du monde de B.Kouchner.

Désormais on parlera d’avant et d’après 68. Pour les enfants, pour les hommes, les femmes d’Europe, ce fut bien une révolution presque aussi importante que celle de 1789, mais comme pour cette dernière on voudrait la réduire aujourd’hui à une œuvre de révolutionnaires…

Nicolas Sarkozy et Mai 68. Une anecdote savoureuse?discordante?

Comme les réactionnaires de droite et de gauche qui disaient que c'était mieux avant, qu'à cause de Mai 68 la France a décliné, durant sa campagne des présidentielles notamment, Nicolas Sarkozy n'a jamais manqué de blâmer, de fustiger Mai 68 qu'il considérait comme le responsable de tous les maux du pays y compris de ceux de l'école de la République. Il s'est fait applaudir durant les meetings particulièrement (tout comme sur des plateaux de TV) en tenant des propos cinglants, sévères, injustes, partiaux contre Mai 68. Tout le monde sait que Mai 68 a connu des excès mais il est clair que Mai 68 a été une révolte libertaire et démocratique – aucun mort si ce n'est par accident!

Quelques heures avant qu'il n'y ait la passation des fonctions à l'Élysée nous nous permettons de citer un article du Canard enchaîné du 08/05/07 sur le soixante-huitard que fut son premier ministre F.Fillon.

Nous savons depuis longtemps pour avoir été enseignant et chef d'établissement, 25 ans durant ,dans la Sarthe que les informations lues dans ce périodique sont vraies. Alors que le futur président de la République clamait qu'un enfant de Mai 68 était (in Figaro du 5/05/07) un citoyen qui ne devait rien à son pays, qui n'avait que des droits, qui n'avait aucun devoir ...porteur d'une idéologie qui a fait et continue de faire beaucoup de mal à la France....Il faut en finir avec l'héritage de 68! héritage du laxisme éducatif, du déclin de l'autorité, de la dévalorisation du travail, de la culture de l'excuse! - le futur président nommait comme premier ministre un enfant de Mai 68.!?!....

Que lit-on dans l'Ouest-France du 10/06/03 concernant F.Fillon?..." en mai 68, il fait le mur avec quelques élèves de sa classe...et revient au collège encadré par les gendarmes en chantant l'Internationale!.....Une autre fois les jésuites de Sainte Croix au Mans le renvoient 3 jours pour cause de manifestation organisée contre l'incompétence d'une prof d'anglais. Le futur président abhorre, exècre mai 68 et veut en premier lieu faire respecter les professeurs...C'est le contraire que son lieutenant a fait durant sa pré-adolescence ... il y aura au moins un soixante-huitard acceptable et à Matignon qui plus est!!! Frasque? ou sincère idéalisme? d'un ado qui sera rapidement rattrapé par son milieu et qui, à Sablé (Sarthe) s'est vite lancé dans le camp politique opposé à 68 d'abord sous la coupe de Joël Le Theule, professeur au Prytanée militaire de la Flèche et qui fut maire de Sablé,conseiller général, député gaulliste et plusieurs fois ministre. Fillon a repris ses mandats à sa mort en 1980.

Un livre à lire : Nos enfants GÂCHÉS de Natacha Polony – éd. J.C.Lattès – 2005.

Pour ce qui est de son esprit, nous classerions ce livre dans notre diptyque (voir plus haut) : disciples de Finkielkraut sans que l’auteur n’en fasse allusion pour autant. On est en présence d’un style vif, coulant, prenant ses appuis à la fois sur un vocabulaire tonique, dense, puisé souvent aux sources directes du grec et du latin et sur une syntaxe classique enrichie de réflexions claires, percutantes et pertinentes (étayées de solides références) où par moments on entend quelques trémolos de réac irascible (elle commence son livre en avouant qu’elle est réactionnaire). Un livre qui accroche le lecteur et qui ne peut pas le laisser indifférent. De la page 16 nous avons extrait ce qui nous paraissait la substance majeure du livre: Plus grave: de n’avoir pas su ou pas voulu transmettre aux jeunes les valeurs et le patrimoine qui forgent l’identité collective de la nation française, de les avoir laissés sans mémoire, nous nous condamnons à affronter une fracture générationnelle majeure dont nous ne sortirons pas en professant qu’elle ne relève que des fantasmes régressifs de quelques beaufs inadaptés et d’une poignée de professeurs corporatistes. Le malaise est là, palpable. Il s’agit désormais d’en prendre la dimension, d’en mesurer les implications et d’en chercher les causes.

Le point de vue de Jean-Paul Brighelli, professeur agrégé de Lettres, auteur de manuels de littérature et récemment d’un livre virulent : La Fabrique du crétin éditeur : J.Cl.Gawsewitch.



Au cours d’un débat avec Philippe Meirieu (Le Figaro littéraire du 29/09/05) J.P.Brighelli répond à la question du journaliste : Mai 68 a-t-il une responsabilité dans la gabegie que vous dénoncez ? par : il faut bien reconnaître que les plus médiocres de ses rejetons ont trouvé leur voie à l’éducation nationale et qu’ils y ont fait des dégâts…Au nom du culte du naturel, un totalitarisme de la médiocrité, qui passe par la reconnaissance des cultures de la rue, s’est instauré. Or la culture de la rue est à la culture ce que la jachère est à l’agriculture. La culture de la rue c’est la friche.

On laisse naturellement l'auteur libre de ses propos.

Comment le ministre Darcos explique la volonté de N.Sarkozy de liquider l'héritage de Mai 68?

Après avoir énuméré sur une radio nationale ce qui avait été positif, voire très positif, dans le mouvement de Mai 68 (mouvement vécu aussi dans d'autres pays) le ministre X.Darcos a recouru à une certaine palinodie en déclarant dans Le Monde du 01/05/07 : Je crois très simplement qu'à l'issue de cette période beaucoup ont considéré à tort que la liberté devait être un point de départ alors qu'elle est un point d'arrivée. Et sur le parcours il y a d'abord l'école, la culture, le savoir, l'instruction, le civisme...

Point de vue auquel on peut très bien ne pas souscrire quand on fait du mot liberté , un mot

inchoatif qui exprime une action commençante et une progression.

Dans ''Le président des riches ''(Zones) deux sociologues rappellent les propos sur Mai 68 de N.Sarkozy.

Deux sociologues : Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, anciens directeurs de recherche au CNRS ont écrit chez Zones (octobre 2010) : Le président des riches - Enquête sur l'oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy . À la page 153 nous avons relevé ce qui concerne l'héritage de Mai 68.

« l'héritage de Mai 68 a introduit le cynisme dans la société et la politique, déclarait d'un ton assuré le candidat Sarkozy, le 29/04/07, au cours de son dernier meeting de campagne électorale. Voyez comment le culte de l'argent roi, du profit à court terme, de la spéculation, comment les dérives du capitalisme financier ont été portées par les valeurs de Mai 68. Voyez comment la contestation de tous les repères éthiques a continué à affaiblir la morale du capitalisme , comment elle a préparé le terrain au capitalisme sans scrupule des parachutes en or, des retraites chapeaux, des patrons voyous »

Réflexions des deux coauteurs : Étonnant. Nicolas Sarkozy est imprévisible . Il donne à voir la détermination et la rouerie du pouvoir. Dans un double langage permanent, ce candidat à l'Élysée a réussi la gageure de rester l'ami des plus riches tout en se faisant passer pour le défenseur de ''la France qui se lève tôt''. Flatter le bon peuple en remplissant les poches des nantis. De la poudre aux yeux pour les uns : ''les paradis fiscaux, c'est fi-ni!''et des milliards d'euros pour les plus riches. Le sens des mots ,dans cette guerre psychologique qui ne dit pas son nom, est volé et détourné.

« Changement » ? « Réforme » ? « Rupture »? La réalité est tout autre : on allonge la durée du travail, on démantèle les services publics, on brise l'indépendance de la justice, on livre des entreprises publiques au privé, on rabote les droits sociaux, on privatise les fonds de retraite , on gave les gavés. Le changement est régression. La classe dominante veut démanteler , grâce à son porte-parole ,aujourd'hui à l'Élysée, les acquis des luttes sociales et réduire à sa merci le peuple de l'économie réelle en vilipendant, l'oeil rigolard, un capitalisme financier qui n'a guère l'air de s'en émouvoir.

Le double langage, la suprématie de l'image sur la parole, l'opacité de la pompe à ''phynances'' et la vigueur réconfortante de la parole versatile:Ubu est roi. Comment les Français peuvent-ils se retrouver dans une politique qui se contredit entre les propos tenus et les résultats obtenus?

Deux approches différentes de l'Ecole :celle de X.Darcos et celle de Meirieu.

Dans le cadre de l'opposition entre hier et aujourd'hui (voire demain) le ministre X.Darcos et le directeur de l'IUFM de Lyon, Ph.Meirieu ont cosigné le livre: Deux voies pour une école , chez Desclée de Brouwer. Lecture conseillée à tous ceux ceux qui veulent approfondir leur compréhension du système éducatif.

Extrait de la quatrième de couverture: ...tout sépare a priori la ministre de l'éducation et le pédagogue, le politique du formateur d'enseignants .Partisans de méthodes d'enseignement radicalement différentes, les deux hommes se retrouvent cependant autour d'un même attachement à l'école de la République et à ses idéaux formateurs. Dans cet ouvrage ils débattent sans complaisance ni sectarisme.

Quel philosophe contemporain a dit que l'école : c'est de la sueur et des larmes?

Aujourd'hui du 22/09/07,dans une rubrique sur le débat d'idées ,a dialogué avec un intellectuel– influent en France et très controversé aussi (il est classé dans les réactionnaires - ce qu'il revendique.) : le philosophe Alain Finkielkraut,auteur du livre : La querelle de l'école Ed. Sock- Panama. Au cours de cet entretien, aux dires des deux journalistes, la crise de l'école dont il était question , l'a amené à se crisper, à inspirer longuement avant de lâcher des phrases ciselées ou pointe l'acidité d'une colère froide.

Quelques-unes de ses analyses en réponse aux questions des 2 journalistes:

....l'école a capitulé et s'est couchée devant les chantres de la pédagogie , de l'inculture et des nouvelles technologies. [ pour nous - il est étrange, inquiétant – pour ne pas dire incompréhensible - qu'un tel intellectuel puisse dédaigner à ce point les technologies nouvelles qui sont devenues une inégalable source d'informations et d'échanges entre petits et grands de notre monde moderne....]à la question des journalistes sur son pessimisme il répond : notre système d'enseignement échoue sur les 2 tableaux : - il laisse un grand nombre d'élèves dans l'ignorance des savoirs fondamentaux - quant à l'élite qu'il forme , elle est peut-être performante et documentée mais ce n'est plus une élite cultivée. Il suffit d'ouvrir les oreilles pour constater que la langue française se meurt en France même, faute de soins et d'amour.

À ceux qui affirment que le niveau global de la population monte, il répond que le niveau qui monte, telle une gigantesque bébête, est en train de tout engloutir! ....un grand nombre des bacheliers serait recalé au certificat d'études que passaient naguère des élèves de 12 ans. Les épreuves étaient plus exigeantes,les corrections plus sévères (sic).Aujourd'hui, dans un louable souci humanitaire on refuse le redoublement et l'on fait de l'université un véritable abattoir.

Pour lui le déclin de l'école vient du fait qu'elle vit dans un environnement qui lui est défavorable. Elle promet un accès difficile aux choses essentielles, alors que les technologies de l'information offrent aux élèves un accès immédiat à tout. L'école c'est de la sueur et des larmes. Au lieu de se défendre et d'assumer sa dimension rébarbative elle a préféré capituler en remplaçant les tableaux noirs par des écrans numériques....Apprendre ne sera jamais un jeu.

...Le signe le plus flagrant du désastre (de l'école)c'est la fuite vers le privé. À tort ou à raison les parents estiment que l'école privée, aujourd'hui, ressemble à ce qu'était l'école publique quand ils étaient enfants...

...On en est arrivé là à cause du dérèglement des valeurs de l'égalité. Le monde est plein d'idées démocratiques devenues folles. Au nom de l'égalité il est interdit de faire des distinctions entre l'essentiel et le n'importe quoi, le beau et le laid....la différence entre l'adulte et l'enfant, elle-même, s'estompe puisque le système a décrété que l'élève devait construire ses propres savoirs ...l'enfant est privé du bonheur d'être enseigné et jeté dans la souffrance d'être obligé de tout découvrir lui-même.

il avoue avoir été heureux d'entendre le Président de la République dire qu'il voulait remettre la culture générale au coeur de l'ambition éducative. Il attend pour ce faire qu'on rétablisse à l'école primaire la leçon de grammaire et la dicte de textes littéraires. Il trouve que les vacances sont trop longues et que ce n'est pas à l'industrie touristique de continuer à dicter ses lois à l'école....

Le ministre Darcos lui semble lucide sur la situation mais il a peur de se mettre tout le monde à dos. Les politiques, poursuit-il, sont à la merci des enfants : complètement tétanisés dès qu'ils sont dans la rue.

Il souhaite qu'il y ait un Churchill à l'école, quelqu'un qui s'adresse directement à l'opinion, qui soit au-dessus des Fédérations de parents d'élèves ou des syndicats des enseignants .

Il s'est dit touché par l'initiative du Président Sarkozy à propos de la lettre de G.Môquet mais il ne voudrait pas que l'école se soumette comme trop de médias à la loi de l'émotion brute....

Remarque : nous avons retrouvé dans cette interview le Finkielkraut égal à lui-même dans ses prises de position contre l'école publique, les parents d'élèves, les syndicats (revoir le début de ce chapitre)....Dans différents chapitres de ce site nous avons vu que les positions de ce philosophe n'étaient partagées que par une minorité d'individus. On connaît le chapelet de ses récriminations, le cathéchisme de ses certitudes et on n'est pas près de lui donner l'absolution car nous pensons , contrairement à ce qu'il dit, que les enfants, les parents , les enseignants...ont une place importante à tenir dans le système éducatif où , tout, à notre siècle surtout , ne se limite pas à la transmission des connaissances.

Dans un livre récent P.Meirieu propose le retour de la ''pédagogie'' contre l'offensive de X.Darcos qui a resservi des recettes anciennes, surannées :école à papa, apprentissage par coeur, et qui a do

Dans la rubrique ''livres de la semaine'' dans Sud-Ouest Dimanche, la journaliste Catherine Debray intitule son article : Vive la pédagogie du défi. Elle nous dit que dans son nouveau livre ''Lettre aux grandes personnes sur les enfants d'aujourd'hui (- éd. Rue du monde – 19,80€)'' Philippe Meirieu pose deux questions importantes auxquelles il s'efforcera de répondre dans son livre Comment élever nos gamins dans un monde qui a effacé les cadres?Comment éduquer les petits d'homme quand les leçons que nous avons reçues n'agissent plus sur les générations en devenir?

Réponses de P.Meirieu et analyse de la journaliste: - '' on ne fait plus des enfants pour la société, on les fait pour nous, mais il nous reste encore une étape à franchir : les faire pour eux-mêmes et surtout pour qu'ils assument la continuité et le renouvellement du monde.''Il s'agit de former ''des êtres capables d'assumer notre histoire et de penser ''sans notre secours. ....est-il pertinent de resservir les recettes d'autrefois : école à papa, apprentissage par coeur, qui consacrent l'accumulation au forceps des savoirs plus que la compréhension des acquisitions?

Après le tout liberté, le chercheur, nous dit la journaliste, met en garde contre la sévérité décrétée... il prédit que cette restauration ne fonctionnera pas dans une société qui n'a plus collectivement le rapport théocratique à l'autorité que possédait la génération de nos grands-parents et parents. S'ensuit alors la critique des dernières réformes imposées à l'éducation nationale dont nous avons surtout parlé aux chapitres 4a et 4b. Cathrine Debray nous fait savoir qu'elle a décrypté dans ce livre les enjeux de la pédagogie que P.Meirieu nous incite à inventer. Dans son livre qui peut redonner le moral à beaucoup d'enseignants comme à des familles les plus débordées, le chercheur déculpabilise sans déresponsabiliser . Il rappelle combien l'art d'éduquer est ardu, complexe et fragile. ''La grande entreprise de formation systématique de l'enfance (la scolarisation) commencée au XVIe siècle et dont nous avons hérité est une pyramide inversée. Elle repose sur une pointe infiniment ténue et sur laquelle nous n'avons pas vraiment de pouvoir : la décision d'un enfant de se soumettre ou non au projet que les adultes ont élaboré pour lui depuis des années. .''..

La journaliste met bien en évidence qu'en s'appuyant sur les sciences humaines, P.Meirieu plaide pour une pédagogie du défi celle qui incite à faire alliance avec l'enfant, à susciter un engagement réciproque calé sur ce triptyque : - la reconnaissance de son travail la sanction s'il ne respecte pas sa parolela proposition pour l'aider à s'élever. On comprendra alors, dit-elle, qu'il n'y a pas d'autre chemin que d'éduquer fermement mais patiemment les petits d'homme à s'éduquer.

Fr.Dubet , sociologue de renom et spécialiste de l'école, explique dans un livre '' l'école ne peut pas tout ''coécrit avec M.Duru-Bellat et A.Vérétout les rapports de l'école et

Dans le Sud-ouest du 05/09/10 le journaliste B.Béziat s'entretient avec le sociologue Fr.Dubet (l'un des spécialistes les plus reconnus du monde éducatif) sur des passages du livre ''l'école ne peut pas tout '' qu'il a coécrit avec deux autres sociologues : Marie Duru-Bellat et Antoine Vérétout.

Quelques extraits de l'entretien :

Question (Q) du journaliste : ce livre n'est pas un essai mais un véritable ouvrage de sociologie, pour quelle raison?

Réponse (R) de Fr.Dubet. - au départ il y a l'idée qu'il existe une distance entre les sociétés et leurs écoles, que ces dernières ne sont pas le reflet exact et automatique des sociétés dans lesquelles elles se situent. Une école ouverte et équitable ne produit pas nécessairement une société plus mobile et juste. Nous avons voulu savoir de quelle façon et par quel mécanisme les systèmes scolaires affectent positivement l'intégration et la cohésion des sociétés. Nous avons pour cela étudié une trentaine de pays en nous appuyant sur des données accessibles concernant , par exemple, les systèmes scolaires et les inégalités sociales...l'on se comprend mieux lorsqu'on regarde les autres. Ce qui ne veut pas dire qu'il faille les imiter mais en finir avec ce nombrilisme national qui nous laisse croire qu'au fond nous sommes les seuls à savoir faire.

Q : Sur une trentaine de pays , vous pouvez procéder à des classements entre les meilleurs et les moins bons?

R : ...il faut éviter ce piège consistant à dire que les Finlandais sont les premiers et les USA les derniers. La réalité est plus complexe parce qu'on ne gagne jamais sur tous les plans et qu'il existe bien d'autres variables à prendre en compte. Il est tout de même possible cependant de rassembler des types d'écoles et de pays . Les pays socio-démocrates ont assez peu d'inégalités scolaires et des inégalités sociales, les libéraux sont plus inégalitaires socialement mais moins sur l'école et enfin les pays qu'on appelle corporatistes comme la France et l'Allemagne affichent plus d'inégalités scolaires que sociales.

Q : le modèle français n'est donc pas bon?

R - : le modèle français se caractérise plutôt négativement pour trois raisons:



la première : - le inégalités scolaires sont beaucoup plus fortes qu'elles ne devraient l'être en fonction des inégalités sociales. La deuxième :les inégalités scolaires se reproduisent socialement plus facilement qu'ailleurs. La troisième est qu'en France le climat scolaire – la confiance dans les enseignants et l'école – est assez mauvais. De nombreux élèves se montrent souvent stressés, ont peur , éprouvent le sentiment que l'école n'est pas faite pour eux.

Q - pourquoi aussi peu d'efficacité?

R- Trois explications à ce constat : - la première tient certainement à l'organisation scolaire . L'école française républicaine était assez élitiste . Elle s'est massifiée considérablement, ce qui est bien, mais sans vraiment renoncer à son idéal d'élitisme. On continue à classer les élèves en permanence et de façon très précoce, alors que les pays qui ne classent pas les élèves jusqu'à 16 ans et ne les font pas redoubler ont de bien meilleurs résultats. La seconde explication est l'emprise des diplômes . Les sociétés dans lesquelles les diplômes sont décisifs pour entrer dans la vie sociale sont celles qui affichent le plus d'inégalités scolaires. Si l'on considère que le diplôme est vital , on a effectivement intérêt à accentuer la sélection. Ce n'est évidemment pas bon pour le climat scolaire , puisque cela crée un rapport complètement instrumental à l'école. On y va pour s'en sortir, mais pour la vie scolaire et la culture. Il faudrait certainement d'autres systèmes de qualification et de formation que les diplômes. Ceux qui ont perdu le match scolaire devraient pouvoir tenter leur chance ailleurs. La troisième explication tient probablement au profond sentiment de crise scolaire en France puisque l'école reste considérée comme l'institution qui doit sauver la société.

Q- vous dites au fond que l'école ne peut pas tout

R- en tous les cas , on explique qu'il n'est pas raisonnable de vouloir qu'elle règle tout. Si l'on veut diminuer les inégalités sociales , l'école ne va pas jouer un rôle décisif en la matière. D'ailleurs, je rappelle que lorsque le système scolaire s'est montré efficace , dans les années 1970, c'était avant tout parc que les inégalités sociales se réduisaient à cette époque. Pour le dire simplement, si l'on veut améliorer la condition des ouvriers , il faut d'abord améliorer leurs conditions de vie et de travail plutôt que de leur dire : si vos enfants réussissent à l'école, ils s'en sortiront.

Q- le métier d'enseignant se complique, du coup...

R- le métier d'enseignant devient de plus en plus difficile. Les professeurs se sentent de plus en plus remis en cause puisque l'école ne peut plus faire tout ce qu'on lui demande. On est pris ,en France , très souvent ,dans une nostalgie conservatrice consistant à dire qu'il faut faire comme avant puisque cela marchait mieux . On voudrait que le système scolaire fonctionne comme autrefois tout en s'adressant à tout le monde , ce qui est quand même la quadrature du cercle.

Q- c'est un constat pessimiste...

R- je dirais plutôt qu'il s'agit d'un constat optimiste, puisque cela signifie que l'on doit pouvoir faire une école meilleure et plus accueillante si l'on a le courage de regarder les choses en face. Cela suppose d'accepter l'idée que l'école n'est pas le seul levier sur lequel on doit agir pour améliorer les conditions de vie des individus, leur liberté, leur épanouissement dans une société. Cela serait effectivement un constat pessimiste pour celui qui croit à la toute -puissance de l'école, à une société dans laquelle elle a le monopole de la définition du mérite . On en appelle au fond à détendre le jeu scolaire.

Q- à l'aune de ce que vous dites , comment jugez-vous les réformes en cours?

R- la réforme du lycée n'est pas condamnable même si elle ne va rien révolutionner. L'abolition de la formation des maîtres est en revanche catastrophique. Dans la plupart des pays , ils sont formés comme des professionnels de l'enseignement et non comme des savants auxquels il suffirait d'enseigner. La réforme de l'école élémentaire avec une réduction à cent quarante jours de classe par an, en est une autre. Il faut aller en classe encore plus longtemps dans l'année. Je rappelle que dans les pays scandinaves, dont on admire les résultats, on va à l'école trente ou quarante jours de plus par an qu'en France..

Que de rapports ,même pendant les vacances, pour les ministres de l'Education nationale! Servent-ils à quelque chose?

Mai 2011 : même pendant les vacances ,écrit Libération du 29/04/2011,où l'actualité sommeille et où les mobilisations contre les suppressions de postes faiblissent ,on n'est pas à l'abri d'un rapport qui tombe. Comme le 11 avril 2011 celui de J.M. Jolion sur la réforme de la formation des enseignants (ou mastérisation), l'un des grands ratages du quinquennat.

Sous le président Sarkozy, trois sujets dominent au palmarès des rapports : - la mastérisation :la plupart concluent au désastre et le ministre de l'Education, Luc Chatel, répond qu'il est en train de tout corriger – les rythmes scolaires aussi sont abonnés et presque toutes les études critiquent la semaine de 4 jours mais le ministre a prévenu qu'il ne pourrait rien changer avant 2013 – la violence scolaire et ses nombreux rapports : le 29 mars il y a eu la première enquête sur le harcèlement à l'école et une seconde est promise au collège . Un rapport , avec des propositions a été remis le 12 avril au ministre qui dévoile après un plan d'action.

Au début de son mandat N.Sarkozy a imposé le thème de la sécurité à l'école mais X.Darcos , ministre de l'Education et peu adepte des rapports décidait, à la suite d'un incident tragique d'équiper les lycées de portiques de sécurité. Idée vite abandonnée. Pour ramener la sérénité L.Chatel commanda des rapports et consulta des spécialistes. C'est ainsi qu'il nomma Eric Debarbieux à la tête d'un conseil scientifique. Le ministre lui a alors demandé des rapports avec des préconisations. Puis il en a fait à sa tête, annonçant lors des états généraux sur la sécurité de 2010, la suspension des allocations familiales pour absentéisme, une mesure qui ne figurait dans aucune recommandation.

Au-delà de leur contenu , l'intérêt des rapports est de rythmer la communication ministérielle. Certains, comme sur les effets négatifs de la libéralisation de la carte scolaire , tombent vite dans l'oubli, car iles ne cadrent pas avec la ligne. D'autres, qui apportent de l'eau au moulin ministériel sont abondamment exploités. Il est toutefois un sujet qui échappe au flot des rapports : l'impact des suppressions de postes sur les acquis des élèves. Pour Luc Chatel la chose est entendue : aucune étude n'a jamais démontré le moindre lien. Pourtant en 2006, l'économiste Thomas Piketty en avait publié une , concluant que des classes moins chargées en ZEP permettaient aux élèves de progresser. Plus récemment le chercheur Pascal Bressoux a fait savoir que son labo avait aussi trouvé un lien de cause à effet. Mais on ne lui a jamais demandé de rapport.(extraits de Libération du 29 avril 2011).

Le 23 Juin 2011 le Président Sarkozy a dit qu'il voulait passer au ''collège pour tous''.

Nicolas Sarkozy a déclaré le 23/06/2011 qu'il fallait passer du ''collège unique '' au ''collège pour tous'', au cours d'une table ronde sur le thème de l'absentéisme scolaire, après une visite au Collège ''Blaise Pascal '' à Plaisir, dans les Yvelines. Le Chef de l'Etat a plaidé pour la personnalisation des parcours scolaires et la multiplication des passerelles entre l'enseignement général et l'enseignement professionnel. C'était son second déplacement cette semaine sur l'éducation après celui effectué le 21/06 en Lozère où il avait dénoncé les conséquences de la massification avec la volonté d 'amener 80% d'une classe d'âge au bac.

En Septembre 2011 l'ex-ministre socialiste J.Lang accuse le gouvernement de démolir l'école et prépare un plan pour 2012

Interview du journaliste Christophe Lucet dans le Sud-Ouest du 27/08/2011



Journaliste (J) :

Dans votre réquisitoire contre la politique éducative du gouvernement [Pourquoi ce vandalisme d'Etat contre l'école? Lettre au Président de la République – éd.du Félin, 130p. 14€], vous n'hésitez pas à parler d'entreprise de démolition?

Jack Lang ( J.L) : - oui, je parle aussi de vandalisme et je revendique le mot qu'employait l'abbé Grégoire sous la Révolution pour dénoncer les destructions de monuments. Notre école républicaine est un monument livré à des casseurs et le plus grave est qu'ils n'ont même pas conscience de ce qu'ils font.



Journaliste : - On peut tout de même penser que le gouvernement applique une politique scolaire...

J.L. : - Je préfère parler d'absence de politique avec lidée sous-jacente que trop de moyens desservent l'école et qu'une purge serait salutaire .Lorsque voue emputez une administration si importante de 15% de ses effectifs , on parle d'hémorragie..Sous X.Darcos puis Luc Chatel, le gouvernement se comporte comme la Toinette du Malade imaginaire conseillant à Argan qui se plaint d'avoir mal à un oeil de se crever l'autre . Ces médecins de Molière commencent par supprimer des postes puis colmatent les trous avec des réformes hâtives.



Journaliste : - Donnez-nous un exemple.

]■ J. L : - prenez la formation des maîtres : la décision de X.Darcos de supprimer 16 000 postes de professeurs stagiaires rémunérés pour obéir à la politique du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux a été maquillée par une réforme catastrophique dont nous n'avons pas fini de payer le prix. Être titulaire d'un mastère na garantit aucune compétence pour enseigner la lecture au CP, mais il était moins risqué politiquement de piocher dans les IUFM que de supprimer des postes dans les classes . Moyennant quoi. on démantèle ce qui fut l'objet de la première loi scolaire de la République en 1879, avant même la gratuité et l'obligation : la formation des maîtres, qui était ; aux yeux de Jules Ferry, un véritable socle.

Journaliste : -en période de détresse budgétaire est-il possible de sanctuariser l'Education nationale?

J. L. : - Mais oui, c'est affaire de choix politique. Nous l'avions fait en 1983 pour l'Education, la Recherche, la Culture, puis en 1992, dans des contextes de crise autrement plus rigoureux . Je remarque qu'en ce qui concerne la Recherche et l'Enseignement supérieur , le gouvernement a eu la sagesse, après avoir hésité et rencontré des résistances, d'en faire une priorité.

Journaliste : - ce livre est le prélude à un tour de France et à un débat sur l'école. Ambitionnez-vous de redevenir ministre de l'Education.?

J.L.: - Non, je ne suis candidat à rien. Mon but est de d'alimenter le projet socialiste sur ce sujet crucial [on peut contribuer au débat sur le site www.jacklang.free.fr ] Il comprend de bonnes choses que ce soit sur l'école élémentaire ou le premier cycle universitaire, mais il faudra l'enrichirquand notre candidat sera choisi. Et je travaillerai pour celui ou celle qui sera dészigné avec un plan national qui pourraitêtre rendu public avant la fin de l'année. Car je suis convaincu que l'école va être au centre de la campagne de 2012. Nicolas Sarkozy a d'ailleurs dit qu'il avait l'intention de faire pour l'école ce qu'il avait fait pour le supérieur. Mais quand on voit ce qui s'est passé , comment lui faire crédit?

Le journaliste B.Béziat (Sud-ouest du ) évoque les remèdes des politiques pour faire progresser le système scolaire français en échec depuis plusieurs années- Extraits.

''....l'école républicaine française ne fait plus rêver, dépassée par de nombreux autres pays ....cela fait 20 ans que se succèdent études, rapports, colloques et les conclusions se ressemblent : le mal français de l'échec scolaire s'aggrave , mais des conclusions existent...les principaux partis politiques sont allés piocher dans ces multiples études afin d'élaborer les premières propositions de la prochaine campagne électorale....''

1)Changer de rythme : '' s'i l ya bien un sujet sur lequel les clivages poiltiques se sont évanouis , c'est celui des rythmes scolaires.Tout le monde, ou presque, partage le même dignostic : la charge des élèves est trop lourde, trop ressérée dans le temps . Deux solutions (déjà évoquées dans un autre chapitre du site) préconisées lors des travaux de la conférence nationale sur les rythmes scolaires, lancée par L.Chatel en 2010.

-- première solution : travail sur 5 jours (quatre jours et demi) au lieu de quatre -- la deuxième solution : rallonger l'année scolaire en diminuant d'autant les vacances. Les partis de gauche seront juste un peu plus embarrassés que ceux de droite s'il faut tailler un peu dans les programmes pour réduire la charge de travail des élèves.''

2) - Refondre des programmes : '' ...c'est une demande essentiellement de gauche (PS – Front de Gauche mais aussi le Front National pour d'autres raisons. Quant à l'UMP...elle a modifié l'apprentissage de la lecture sous Darcos , lancé le socle commun de connaissance et la réforme des lycées. Il reste donc quelques idées partagées comme le développement des matières liées aux technologies nouvelles, le rééquilibrage vers les filières littéraires, le développement de l'apprentissage des langues, même si la manière d'y arriver fait polémique. ''

3) - Davantage d'autonomie : ''à l'UMP c'est l'un des credo. Comme pour l'université , l'autonomie des établissements scolaires doit être encouragée. Elle permettrait au chef d'établissement de recruter librement son équipe enseignante en fonction du projet d'établissement. Liberté qui existe en grande partie dans l'enseignement Catholique sous contrat avec l'Etat. Un terrain sur lequel les partis de gauche ne s'aventurent évidemment pas . Une certaine autonomie d'accord, mais pas sans une tutelle de l'Etat et une gestion des personnels centralisée.''

4)Évaluer autrement : '' corollaire de l'autonomie, l'évaluation des enseignants, qui influe sur leur avancementd dans la grille des salaires - devrait être effectuée par le chef d'établissement. C'est le projet de l'UMP, déjà sur la table . Mesure qui fait bondir à gauche , où l'on entend cependant réformer le corps des inspecteurs et leur rôle. Là encore un vrai consensus existe sur la nécessité d'améliorer l'évaluation des enseignants , en allant au-delà d'une inspection épisodique préparée à l'avance. Ce sujet est également lié à la question de la rémunération des professeurs. En période électorale , tout le monde s'accorde pour annoncer des augmentations pour les enseignants . (L. Chatel vient de le faire pour les débutants), même si à la droite de l'échiquier politique certains envisagent plutôt de les payer au mérite. ''

5)Recruter des enseignants : ''le président Sarkozy a supprimé plusieurs dizaines de milliers de postes denseignants selon un principe valable dans toute la fonction publique ( suppression d'un poste sur deux partant à la retraite) et il ne compte pas faire marche arrière'' et ilparle de poursuivre cette pratique plusieurs année encore ...''le Parti socialiste et le Front de gauche veulent revenir à la situation du début du quinquennat en embauchant 60 000 professeurs . Front national, les Verts ou le Modem assurent également vouloir recruter davantage d'enseignants , sans nécessairement rattraper le nombre de suppressions. En revanche , on est proche de l'unanimité politique lorsqu'il s'agit d'affirmer la nécessité de modifier le service des professeurs, avec davantage d'heures de présence dans l'établissement . Sujet délicat sur lequel les mesures précises ne sont pas évoquées.''

6)Modifier les cycles scolaires : ''c'est la question du collège et de son avenir qui est au coeur de ce projet. Certains (UMP) demandent sa suppression pure et simple (suppression du collège unique), afin de retrouver un cycle primaire puis un cycle secondaire. Le collège semble bien être , d'après toutes les études, le maillon faible du dispositf scolaire en France , celui qui cumule et accentue l'échec (réflexion chronique depuis 30 ans au moins!) . Mais les réflexions actuellement n'affluent pas encore sur cette question. Le Parti socialiste préfère affirmer l'importance du développement de la scolarisation dès 2 ans , alors que l'UMP propose un examen à l'entrée en 6ième. ''

Nota Bene : il nous semble capital de rappeler qu'on ne fera rien de solide et de viable dans l'enseignement si on continue à ne pas associer très étroitement les enseignants à la prise de décisions.

Quelques réflexions sur la dégradation du système éducatif d'un professeur du lycée Montaigne de Bordeaux .

Secrétaire régional du Sgen-CFDT, Pierre Marie Rochard déclare que ''depuis 15 ans , en termes de résultats , le niveau ne monte plus , tandis que les inégalités se creusent''. Il se dégrade aussi , dit-il,en termes de conditions de travail pour les enseignants et personnels de l'Education du fait de la politique du non-renouvellement d'un fonctionnaire sur deux, mais pas seulement.

Selon lui les dernières propositions formulées par le parti de la majorité relèvent d'un mélange de provocation et d'aveuglement. Pour le syndicaliste le fait que la situation du système éducatif français est aujourd'hui l'objet d'un constat partagé ne signifie pas que l'on doive faire n'importe quoi . Ainsi explique-t-il '' il est faux de faire croire que l'on fait évoluer le système éducatif en supprimant des postes. Au contraire , on l'asphyxie, on ne l'aide pas à se transformer.'' Il pense que remettre davantage de postes comme le propose la gauche est une condition nécessaire pour l'Education mais elle n'est pas suffisante. '' ''Tout doit procéder affirme-t-il, de l'analyse la plus fine possible''. Nous retrouvons le Nota Bene de la fin du paragraphe précédent...

Selon L.Bigorgne,le directeur de l'Institut Montaigne, la question des apprentissages initiaux a été obérée par de fausses questions.

Dans le Sud-Ouest du 30/11/2011où il a donné une interview ,L.Bigorgne a dit qu'il pensait que, pour la première fois , l'école primaire allait s'inviter dans la campagne présidentielle. Pour lui, pendant longtemps , on a vécu sur le sentiment que nous disposions d'un école primaire qui fonctionnait très bien mais depuis au moins une décennie , nous dit-il, on sait que les résultats ne sont plus là. En effet 20% des élèves ne savent pas lire,écrire et compter à l'âge de 10 ans. Il nous dit encore :''par ailleurs l'école primaire ne remplit pas bien sa mission d'intégration dans les territoires en difficulté. Certes elle n'est pas la seule responsable . Mais on est arrivé aux limites d'un système. Gauche et droite en ont pris conscience''.

Il répond à Sud-Ouest qui lui demandait ce qui avait bloqué '' ...le débat a été pris en otage par de fausses questions , comme la question entre les partisans de la méthode globale et ceux de la méthode syllabique. Cette querelle idéologique , unique au monde et un peu folle a freiné un certain nombre de progrès. De la même manière on a longtemps eu la conviction en France que les questions de performances du système éducatif se traduisaient soit sous forme de discrimination à l'entrée des grandes écoles , soit posait la question du collège unique. On n'a pas voulu voir que la question devait remonter à l'école primaire et à la toute petite enfance. On a refusé cette approche pour se focaliser sur le collège unique. Or si le collège unique doit faire avec 40% d'élèves en grande difficulté, dont 20% ne savent ni lire ni compter il ne peut pas faire des miracles. ''

Pour lui '' les enseignants français ne disposent des outils les plus pertinents pour avancer en résultats. ...Utiliser l'apport très important de la recherche depuis deux décennies sur ces questions , voilà l'enjeu aujourd'hui. ''

Priorités pour mettre à niveau l'école primaire : '' il faut mutualiser et diffuser auprès des enseignants, en gagnant leur confiance, des protocoles d'apprentissage de la lecture soigneusement et scientifiquement testés comme efficients. Il faut passer par l'outil de la formation et pas par la voie d'une circulaire. C'est dans la salle de classe que se gagnera la bataille.....il est urgent de se poser la question de savoir comment on fait revenir dans ce métier les meilleurs d'une génération.....■ il faut aborder la question du pilotage des écoles . On ne peut pas continuer à laisser des petits bateaux ou des barques, sans capitaine. ■ il faut revenir sur la question des rythmes scolaires. On ne peut pas rester avec une semaine de quatre jours en primaire . Elle se fait au détriment des enfants.

Rapport à lire : Vaincre l'échec scolaire en primaire : www.institutmontaigne.org

La génération ''Y'' existe-t-elle vraiment ? Par Olivier Rollot.

'' ...Les Y, ce sont aujourd'hui aussi bien des jeunes encore en formation que d'autres déjà dans la vie active et même parents , pour les plus âgés.Certains sont déjà bien installés dans la vie quand d'autres vivent dans la plus grande précarité. Beaucoup sont partis travailler à l'étranger. Une génération segmentée en fonction de classes sociales, de nationalités, de sexe ou d'âge. Tous différents?Non , par ce qui les rapproche, c'est une culture commune , qu'on retrouve partout dans le monde et dont le point commun essentiel est l'addiction à l'Internet . ''Dans les démocraties , chaque génération est un peuple nouveau'' disait Alexis de Tocqueville.

Génération why

Les ''Y'' savent aussi qu'ils vivront vieux, au-delà de 80 ans et ils commencent parfois à penser à leur retarite dès le premier emploi. S'ils se marient ou vivent en couple, ils ont toujours en tête que leur engagement n'est pas forcément définitif – leurs parents leur ont souvent montré la voie. S'ils ont un emploi ils sont conscients qu'ils peuvent le perdre à tout moment. Ils sont très conscients de la précarité de leur vie et travaillent pour essayer d'y échapper. Une précarité difficile à vivre, quand on a été désiré et choyé par sa famille. Elevés dans une société hyperconnectée et multiculturelle, les Y sont également plus diplômés et moins crédules que leurs aînés.Habituès à voir ces derniers ''baladés'' par les médias ou par leur entreprise, ils veulent à tout prix comprendre ce qu'on leur raconte pour ne pas être abusés à leur tour. Ils peuvent se définir comme des consommateurs avertis , au sens large , qu'il s'agisse de ce qu'ils achètent mais aussi de ce qu'on leur apprend en cours, de ce que leur disent leurs parents ou de ce que leur demande leur entreprise. C'est bien en cela que la génération Y n'est pas la suite d'une génération X finalement bien contente d'hériter , sans avoir à se battre, d'une liberté conquise par les soixante-huitards. Son Y signifie bien why et des ''pourquoi ?'', elle en a à revendre sur une société dont elle perçoit les limites.

Une nouvelle renaissance:

Héritière des progrès de l'après-guerre, la génération Y est aussi et surtout la première à tester la civilisation de l'Internet: celle de l'immatériel et de la mondialisation, dans laquelle les frontières et les connaissances trouvent de nouvelles dimensions. L'homme et la femme Y sont-ils alors des mutants? C'est ce que pense le philosophe Michel Serres. ''Sans que nous nous en apercevions, un nouvel humain est né, pendant un intervalle bref, celui qui nous sépare des années soixante -dix. Il ou elle n'a plus le même corps, la même espérance de vie, ne communique plus de la même façon, ne perçoit plus le même monde, ne vit plus dans la même nature, n'habite plus le même espace. Né sous péridurale et de naissance programmée, il ne redoute plus, sous soins palliatifs , la même mort.N'ayant plus la même tête que celle de ses parents, il ou elle connaît autrement.

Comme Gutemberg avec l'invention de l'imprimerie en 1440 , Internet a tout simplement bouleversé notre rapport au savoir. Alors, l'Y est-il un être nouveau dans un monde nouveau? Bien sûr, selon Michel Serres, qui voit dans notre époque '' une période comparable à l'aurore de la paideia, après que les Grecs apprirent à écrire et démontrer ; semblable à la Renaissance , qui vit naître l'impression et le règne du livre apparaître – période incomparable pourtant, puisqu'en même temps que ces techniques mutent, le corps se métamorphose, changent la naissance et la mort, la souffrance et la guérison, les métiers, l'espace, l'habitat, l'être-au-monde.''

Un changement complet de paradigme qui est aujourd'hui celui de toute la société et fait naître un sentiment de détresse immense chez tous ceux qui ne s'y reconnaissent plus . L'accélération du temps est particulièrement stressante , en ce sens qu'elle ne semble plus laisser le temps à la réflexion.Tout, tout de suite, oui, mais pour quoi faire? Les Y sont d'autant plus en quête d'un sens à donner à leur vie qu'ils n'ont guère le temps d'y réfléchir.

Une culture commune.

Si tout le monde est d'accord pour affirmer que notre monde est en pleine mutation, tout le monde ne s'accorde pas pour dire que la génération Y est pour autant si différente des autres générations . Enseignant-chercheur à Rouen Business School, Jean Pralong s'est ainsi fait le pourfendeur de la notion d'Y sur son blog Nouvelles carrières : '' le premier sociologue venu rappellerait que les représentations et les comportements ont probablement une composante générationnelle mais qu'elle est bien faible par rapport à l'influence de la classe sociale, des études, des groupes d'appartenance ou de territoires. Qu'ont donc en commun, hormis l'âge, des jeunes du nord et de l'ouest de l'Ile-de-France? Un apprenti artisan et un étudiant d'une grande école? Un enfant de cadres et un enfant de milieux populaires? Pas grand chose évidemment.

Une analyse que reprend le sociologue Louis Chauvel en notant que ''comparée à l 'homogénéité réelle ou supposée de la génération qui eut 20 ans en 1968 l'état de la fragmentation sociale et culturelle des générations de ''jeunes'' d'aujourd'hui laisse supposer que ces ensembles démographiques forment avant tout des cohortes sans contenu collectif tangible, au contraire des générations qui les avaient précédées et dont la participation au renouvellement des formes symboliques et culturelles demeure un phénomène sociohistorique de grande ampleur. ''

A contrario de Jean -Pralong ,Benjamin Chaminade croit dans l'existence de la génération Y au point d'en être devenu un incontournable porte-parole auprès des entreprises et d'avoir créé le site Génération Y. Mais il n'est finalement pas si loin du point de vue de Jean Pralong quand il explique que si ''cette génération est souvent simplifiée et définie par une empreinte démographique sur la pyramide des âges , elle s'en est affranchie pour devenir une culture ou état d'esprit que l'on retrouve chez les membres des autres générations! On peut donc dire que la génération Y n'existe pas, elle est simplement le côté émergé de l'iceberg qui nous montre les mutations de notre société!

Ce que Cathy Lemer , docteur en psychologie et coach spécialisée dans les jeunes,explique ainsi ''les jeunes ont une vision grossie de ce que toute la société tend à être.Certains managers viennent par exemple après 40 ans chercher un coach pour donner un sens à leur vioe.Dès tout etits , les Y sont déjà tombés dans cette psychologie du bonheur.''

Y de tous les âges unissez-vous!

En résumé: on peut être Y à tous les âges mais certains – les plus jeunes – le sont forcément plmus que d'autres parce que tous en possèdent tous les codes. En 1968 aussi, il y avait des quarantenaires soixante-huitards et des soixante-huitards bourgeois. Personne ne nie pourtant à cette génération son homogénéité quand certains voudraient nier aux Y leur originalité au nom de leurs différences. Mais ce qui les rapproche – et en fait une génération totalement différente des précédentes – est bien plus fort que ce qui les sépare.

Michel Serres a raison de parler de mutants, en ce sens qu'ils vivent dans une société en profond renouvellement et sentant bien qu'ils doivent lui apporter de nouveaux codes. A partir de quel moment ce qui a fait le succès des sociétés occidentales n'est-il pas meilleur pour elle? Quand faut-il tout changer? Et comment? Voilà les questions fondamentales auxquelles les Y doivent répondre. D'où la peur qu'ont d'eux les générations précédentes, qui craignent de voir remis en cause leurs acquis et s'effraient parfois de ces jeunes qui vont obliger la société à évoluer. D'autant que l'accélération des évolutions dans les comportements semble exponetielle. Dans leur approche de la société les ''vieux'' Y de 30 ans sont déjà très différents de jeunes Y de 15 ans beaucoup plus ancrés dans un monde de vitesse et de soudaineté qu'eux. Sans parler des Z....

Voyons ce que disent ,en 2016, des experts sur la génération Y.

Le livre de référence :'' Manager la génération Y''. (Marie Desplats et Florence Pinaud. éd.. Dunod,2015).

La génération Y c'est quoi ? - nés entre 1980 et les années 2 000, les Y suivent la génération X . Leur nom leur vient de là, mais peut-être aussi de la forme du câble d'écouteurs à leurs oreilles, ou encore de leurs incessantes questions - Y se dit ''why'', ''pourquoi'' en anglais.

Leurs caractéristiques :

Leurs modèles :

Des personnalités qui se sont faites seules , hors des sentiers battus et savent se montrer généreuses , comme Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, ou Xavier Niel, PDG de Free, quasi autodidacte qui a créé une école informatique ouverte à tous.

Cécile Reynard : intervenante pour la Chambre de métiers et de l'artisanat de la région Provence-Alpes- Côte d'Azur donne son point de vue : '' d'après mon expérience , une des principales différences entre les X et les Y porte sur le rythme du travail. Les jeunes de la génération Y sont capables de prendre 2 heures en pleine journée pour aller chez le dentiste mais ils se remettront à leurs dossiers après s'il le faut.Une étude d'une agence américaine (MRY)a fait le parallèle entre la journée d'un X et d'un Y et montré qu'au bout du compte l'investissement professionnel était le même.Les Y sont conscients qu'ils auront plusieurs postes et plusieurs métiers dans leur vie. Aux chefs d'entreprise je conseille à la fois d'assouplir le cadre mais aussi le définir clairement notamment sur les horaires.Et d'entretenir l'intérêt du salarié par des missions à moyen terme.

Et la Génération Selfie ? 05 /08/2014N .

Il y avait la génération Y (''millenial génération '' également aux USA) et certains commençaient à parler de la génération Z pour la génération suivante. Mais depuis plusieurs semaines on parle également de '' Génération Selfie '' pour décrire une génération narcissique mais pas solitaire, interconnectée mais pas hors du temps.

Février 2014 : Jours de retrait...La théorie du genre... avec des points de vue du sociologue F.Dubet, de l'Evêque d'Angers , et du ministre V.Peillon.

Pour '' le Monde'' (30/01/14) le sociologue Fr.Dubet, travaille depuis des années sur l'école et les inégalités. Il porte un regard ''effaré'' sur les ''jours de retrait''que viennent de connaître quelques dizaines d'écoles à l'appel de la militante d'extrême droite Farida Belghoul.

Questions – réponses – Journaliste et F.Dubet.

Qu'est-ce que cet appel et le fait qu'il ait une audience dans certaines zones révèlent de l'école?

F. Dubet: - une chose très simple : l'école n'informe pas de ce qu'elle enseigne en matière de mœurs et de morale. Or si vous laissez un vide, la rumeur s'en saisit.Le phénomène n'est pas nouveau...On a eu les rumeurs des villes envahies par des habitants du ''9-3''. Aujourd'hui on a une autre rumeur qui est une interprétation de ce que l'école voudrait faire. Quand il y a vacance d'information, la désinformation prend ses aises.

Pourquoi l'école n'informe pas, cela paraît tellement simple

F.Dubet : parce qu'elle ne sait pas travailler avec les familles et qu'elle estime qu'elle n'a pas à rendre des comptes sur les enseignements , même si beaucoup d'équipes le font. L'école doit dire ce qu'elle veut faire avec ses ABCD de l'égalité dans les écoles maternelles. Elle doit prendre la peine d'expliquer aux familles. Le temps de l'évolution des croyances n'est pas celui d'une directive ministérielle.

Le ministre doit-il reculer d'un pas sur ses ABCD de l'égalité ?

F.Dubet : on ne fait pas admettre des valeurs en forçant la porte d'entrée. L'école de Jules Ferry n'était pas une école brutale.Le maître était intégré dans la vie locale des populations qu'il instruisait. Il était laïc, mais les institutrices allaient à la messe sans trahir la laïcité. On a aussi cette tradition voltairienne imposant des valeurs parce qu'elles sont celles de la raison et renvoyant les résistances à l'obscurantisme.

Vous pensez que cela suffirait ?

F.Dubet : le seuil de tolérance s'est élevé dans la société française Le mariage pour tous est mieux accepté.Mais attention à tout ce qui touche à la filiation.Là, les mentalités ont moins bougé...et ça ne changera pas le temps d'une séquence d'enseignement.En parallèle , il y a un profond désarroi d'une frange de la population. Des groupes qui avaient une identité culturelle forte estiment que leurs valeurs se dérobent sous leurs pieds. C'est ce que vivent les catholiques , mais ce ne sont pas les seuls. Or , qu'est-ce que la gauche donne comme réponse ? Elle répète que c'est un problème ddes idées justes et éclairées.En agissant ainsi , la gauche laisse à la e crise économique et que tout ira bien mieux quand la croissance reviendra et que les individus partageront pire droite un espace où elle s'engouffre.

A quand remonte le changement de l'école ?

F.Dubet : aux années 1960, c'est là que tout a changé parce que, paradoxalement , l'école s'est refermée sur elle-même.Or s'il y a des principes non négociables comme la liberté et l'égalité , il existe aussi des croyances , peut-être irrationnelles, et il faut prendre le temps d'expliquer et de discuter.Le passage en force, sous prétexte qu'on a raison , reste vécu comme une violence . Le fait d'avoir raison ne dispense pas de prendre le temps de justifier ce que l'on veut faire.Et puis les gens qui n'ont pas envoyé leurs enfants à l'école veulent aussi que leurs filles soient demain ingénieures, avocates, ou enseignantes....comme les garçons.Pourquoi ne pas s'appuyer sur ces projets plutôt que sembler mettre en cause des croyances ?

L'école de Jules Ferry était donc plus proche de la société que l'école d'aujourd'hui ?

F.Dubet : Jules Ferry avait une phrase qu'il faudrait rappeler aujourd'hui . Il estimait que l'enseignement devait être pensé de telle sorte que, quel que soit le père de famille qui écouterait la leçon , il n'est rien à redire.Dire que les filles et les garçons sont égaux ne peut être contesté mais quand on commence à dire qu'une fille a deux papas, formule à laquelle j'adhère personnellemnt, on rentre dans le dur du sujet et l'on doit expliquer ce que l'on veut dire par là....Certains chrétiens se sentent heurtés, les musulmans aussi et bien d'autres encore. Est-ce que l'école a besoin d'en passer par là aujourd'hui pour promouvoir l'égalité filles -garçons?Il est terrible qu'il ait fallu des gens comme Alain Soral ou Farida Belghoul pour que soit posée cette question car il est évident que ce qu'ils mettent en cause ce n'est pas la théorie du genre , dont ils n'ont cure, mais l'égalité elle-même.

Qu'en pense la sociologue Nacira Guénif ?

Après la ''journée de retrait de l'école'' organisée Vendredi 24 et Lundi 27 janvier 2014, pour protester contre l'enseignement supposé de la théorie du genre qui atouché une centaine d'écoles, la sociologue Nacira Guénif, professeure à l'université Paris -VIII, revient sur son impact auprès de certaines familles d'origine musulmane. Ses travaux de recherche portent sur les questions croisées de genre et d'ethnicité, le rapport entre immigration et intégration. Références : lemonde.fr (éditions abonnés du 30/01/14 : Certains parents migrants ont développé une méfiance envers l'école) - http://abonnes.lemonde.fr/education/article/2014/01/30/nacira-guenif-certains-parents-migrants-ont-developpe-une-mefiance-envers-l-ecole 4356975 1473685.html

Avant de parler de la réaction du ministre V.Peillon nous rappelons in extenso la lettre ''la théorie du genre ''écrite en 2012 par l'évêque E.Delmas avec, parfois , un langage abscons.

'' Cette année 2012, le ministère de l'Education nationale a inclus dans les programmes de sciences de la vie et de la terre (SVT) des classes de première L et ES l'obligation d'étudier l'influence des''stéréotypes dans la société '' sur l'identité sexuelle. Certains y voient une référence à la '' théorie du genre ''qui n'est cependant pas désignée comme telle. Cette décision a suscité , à juste titre, de nombreux commentaires et même un certain émoi chez de nombreux parents mais également dans l'Enseignement Catholique et aussi auprès d'enseignants du public. Dès le mois de septembre , la décision du ministre a pris une tournure politique avec la demande de 80 députés de retirer les manuels de SVT de 1ière S et L . Cette décision avec les conséquences qu'elle a entraînées appelle un éclaircissement sur ce qu'est la ''théorie de genre'' afin d'être à même de mieux saisir les dangers possibles pour l'éducation de notre jeunesse. Quelques mois après la polémique , il convient de faire le point sur les questions essentielles qu'elle a soulevées. Nous avons à rester vigilants. C'est le but que veut servir cette lettre. ''

Qu'appelle-t-on '' théorie du genre ?'' également appelée ''Gender'' ?

Née au début des années 1970 , la théorie du genre est apparue aux USA, en réaction aux thèses présentant comme ''naturelles'' des inégalités ou des différences purement sociales.Il s'agit d'une théorie dont les ultimes développements aboutiront à dénier toute validité et intérêt à la division des humains en deux sexes masculin et féminin, en dehors de la reproduction. Voici ce que nous pouvons lire dans le dossier du CLER présentant ce que serait cet ordre sexuel nouveau : la différence des sexes est une dictature puisqu'elle est imposée par la nature .Elle est une atteinte à la liberté puisqu'elle empêche '' d'être soi-même'' et de se choisir en permanence . Accepter la réalité biologique, c'est refuser de se construire soi-même , de choisir éventuellement son identité sexuelle et surtout son orientation sexuelle selon ses perceptions subjectives du moment, son sentiment d'être et le rôle social que l'on désire jouer.

Quelles sont sont les questions soulevées par la théorie du genre ?

La différence sexuelle générerait une oppression de l'homme sur la femme.

Qu'un risque puisse exister n'est pas discutable. Faut-il pour autant en faire une évidence?La réalité nous invite à comprendre que ''la différence n'est pas seulement un écart mais qu'elle comporte aussi des convergences, des correspondances, des affinités qui créent la complémentarité, source d'admirables harmonies.'' Différence et égalité : voilà une des questions soulevées par la théorie du genre. Ses auteurs voient la différence comme source d'inégalité et d'oppression à l'égard de la femme, vu les rôles attribués à chacun des sexes par la société. Tout l'enjeu consiste donc à faire des différences, non pas des sources d'inégalité mais ''des lieux d'humanisation et réalisation de la personne humaine''. En un mot, nous avons à penser une différence qui ne soit pas inégalité.

Être ce que nous devenons ou devenir ce que nous sommes.

Il m'apparaît que l'une des grandes questions soulevées par la théorie du Genre est d'abord une question anthropologique, c'est-à-dire qui concerne la science de l'homme. Avec cette théorie, nous sommes les témoins d'un dualisme, au cœur de la personne, entre le corps d'un côté et l'esprit d'autre part.La conséquence est que le corps devient extérieur à la personne.Il est réduit à n'être que matière alors que la philosophie sur laquelle s'appuie notre anthropologie chrétienne enseigne que le corps et l'esprit sont unis intimement.Le corps est ce par quoi se révèle la personne avec cette liberté qui la caractérise.Cette dimension spirituelle permet au corps d'être un corps humain.La théorie du genre ne reconnaît donc pas à la différence sexuelle,qui marque le corps, toute son importance pour définir la personne. Elle n'accepte pas ce ''langage'' du corps dont est imprégnée notre anthropologie chrétienne. Celle-ci est en effet attentive à permettre la redécouverte de l'unité de la personne , corps et esprit, dans une juste articulation. L'homme n'est pas réductible à son corps pas plus qu'à ses idées.

Cette vision de l'homme, l'Eglise la reçoit dans le mystère du Verbe incarné. Comment pouvons-nous, en effet, comprendre qui est l'homme , quelle est sa destinée, sa vocation, si nous ne contemplons pas le Christ : Dieu fait homme? Ecoutons ce que nous dit Saint Irénée : '' capables de porte et c'est pourquoi aussi notre Seigneur , dans les derniers temps , lorsqu'il récapitula en lui toutes les choses , vient à nous, non tel qu'il le pouvait, mais tel que nous étions capables de le voir : il pouvait en effet , venir à nous dans son inexprimable gloire, mais nous n'étions pas encore r la grandeur de sa gloire. Aussi , comme à de petits enfants , le Pain parfait du Père se donna-t-il à nous sous forme de lait – ce fut sa venue comme homme – afin que, nourris pour ainsi dire à la mamelle de sa chair et accoutumés par une telle lactation à manger et à boire le Verbe de Dieu, nous puissions garder en nous-mêmes le pain de l'immortalité qui est Esprit du Père.''

L'unité du corps et de l'esprit dont je rappelais l'importance à l'instant prend toute sa signification dans ce don de Dieu qui vient s'unir à notre humanité dans le Christ. Nous retrouvons là l'argument fondamental qui nous fait contester l'un des points forts de la théorie du Genre, lorsqu'elle avance cette idée d'un progrès pour l'homme de pouvoir '' s'inventer '' lui-même. Le mystère chrétien nous offre une réponse dans cette venue de Dieu qui communie à notre humanité et la porte à son accomplissement en lui donnant de communier à sa divinité. Nous n'avons donc pas à nous '' inventer'' mais bien à consentir progressivement à cette nouvelle dignité qui nous est offerte dans le Christ. La nature qui pouvait être comprise comme une réalité neutre sur laquelle pouvait s'exercer notre liberté est en fait d'une signification profonde. Elle revêt cette profondeur qui nous est donnée dans le Verbe qui a pris chair en notre chair. Dans l'étymologie même du mot ''nature'' il y a un futur, un devenir. Natura signifie '' ce qui est en train de naître'' . Ainsi , nous n'avons pas à être ce que nous devenons mais bien à devenir ce que nous sommes. C'est le propre de l'anthropologie chrétienne d'ordonner l'homme à sa fin ultime en unifiant son être et sa vie, ses passions et ses facultés dans une vision de sagesse. L'Eglise n'a de cesse de proposer dans son enseignement cette intelligence à tout homme de bonne volonté, croyant ou incroyant.

En conclusion....

Je voudrais rappeler l'importance de l'éducation de notre jeunesse.J'invite à la vigilance tous ceux qui ont une responsabilité éducative auprès des jeunes : en premier lieu les parents qui sont les premiers éducateurs de leurs enfants mais aussi les enseignants, les catéchètes et les animateurs d'aumônerie. Votre responsabilité dans l'éducation est essentielle . Et nous la portons ensemble, comme le dit très bien ce proverbe africain '' pour faire grandir un enfant, il faut tout un village entier ! ''Il y a nécessité de plusieurs lieux pour aider un enfant, un jeune à se construire, à répondre à la vocation qui est la sienne.L'enjeu d'une éducation respectueuse de la vérité est bien d'apprendre à se concerter et à mettre en œuvre ensemble cette vision de l'homme que j'ai voulu rappeler dans cette lettre.

Le ministre V.Peillon répond aux responsables de la JRE (Jour de retrait de l'école) et il parle de ''la théorie du genre''.

La campagne s'appelle '' Jour de retrait de l'école''. Relayée par un SMS, elle a touché une centaine d'écoles dans lesquelles certains parents ont décidé de ne pas emmener leurs enfants. La rumeur : des écoles qui apprendraient aux garçons à devenir des filles.Selon le gouvernement, elle est relayée par des mouvements proches de l'extrême droite.Celle-ci a alarmé des parents qui ont suivi un appel au boycott de l'école.

Vincent Peillon dément : je demande aux chefs d'établissement, aux directeurs d'école, aux conseillers pédagogiques , aux inspecteurs de l'Education nationale de convoquer les parents qui ne mettent pas leurs enfants à l'école pour leur expliquer la réalité des choses et leur rappeler que dans notre pays, il y a obligation scolaire à l'égard des enfants …. Il y a un certain nombre d'extrémistes qui ont décidé de mentir, de faire peur aux parents.Ce que nous faisons à l'école, c'est enseigner les valeurs de la République et donc du respect entre les femmes et les hommes.(à la sortie du conseil des ministres).

Lettre du ministre aux chefs d'établissement. : - le ministre a signé une lettre adressée à 53 000 directeurs d'écoles, aux 7000 principaux de Collèges et aux 4 200 proviseurs de lycées. Le texte de deux pages a trois objectifs : demander à ces responsables de terrain d'informer les parents sur le contenu des enseignements, afin de casser la rumeur qui veut qu'il y ait dans les écoles '' introduction d'une prétendue théorie du genre '',rappeler l'obligation scolaire qui a été mise à mal par la journée de retrait de l'école, et soutenir les enseignants '' qui peuvent être victimes de menaces et de violences'' dans l'exercice de leurs fonctions. Le ton était grave et le ministre conclut que ''quand l'école est attaquée dans ses fondements , il importe de se rassembler autour des valeurs républicaines et de les rappeler avec fermeté et pédagogie.

....Après avoir dit '' tous les manipulateurs , tous les fauteurs de trouble et de haine qui répandent ces rumeurs, je leur demande d'arrêter ...Le ministre a lancé un appel à l'ensemble des élus républicains leur demandant de ne pas se complaire à entretenir eux-mêmes ces rumeurs. L'Ecole de la République n'enseigne absolument pas la théorie du Genre. Elle enseigne l'égalité de tous les points de vue et en particulier l'égalité des hommes et des femmes.

Propos d'une directrice d'école primaire : ''si le ministère de l'éducation tient bon, nous, sur le terrain,on ne cédera pas aux pressions''lâche Nathalie Lagouge. Cette directrice d'une école primaire à Evreux craint comme nombre d'enseignants engagés dans l'expérimentation des ABCD de l'égalité,que le gouvernement ne soit tenté de reculer.Comme ses collègues, elle a entendu parler d'interventions ou d'animations en milieu scolaire annulées au dernier moment, sous la pression de parents. Des projections du film TOMBOY ont été ajournées. Des ouvrages de littérature jeunesse mis de côté, pour ne pas donner prise aux rumeurs sur la diffusion d'une prétendue'' théorie du genre '' à l'école.''dans mon équipe aujourd'hui, on porte un regard inquiet sur des ressources qu'on jugeait bon, jusqu'ici, d'utiliser'' confie-t-elle.

En 2011, l'UMP voulait sensibiliser au genre dès la maternelle.

Face aux attaques contre l'école lancées par les milieux extrémistes, relayées par des ténors de l'UMP , le Ministère de l'éducation nationale nie tout changement de cap concernant les ABCD de l'égalité.Mais il rappelle que c'est à l'Inspection générale de décider de la généralisation ou non du dispositif de lutte contre les inégalités, expérimenté depuis l'automne 2013 dans 275 écoles de 10 académies volontaires.''Si, lors de l'évaluation en Avril, l'expérience est jugée concluante, elle sera étendue à toutes les académies à la rentrée 2014, mais compte tenu des efforts de formation nécessaires, le déploiement sera, bien évidemment, progressif....

Le sociologue ,Michel Fize , spécialiste de l'adolescence , a animé à Talence (33), en février 2014, une conférence sur le thème: ''les ados ont-ils changé?''.

'' Les ados d'aujourd'hui vivent dans la planète infos , savent beaucoup de chose. Nous avons ouvert au 20iéme siècle , le robinet insatiable de la parole des enfants. Or, les ados ne trient pas et renvoient un monde qu'on leur construit, a posé en préambule Agnès Peccolo, maître de conférences à l'Isic. Les ados d'aujourd'hui sont différents parce que les adultes sont différents.'' Pour Michel Fize,'' les ados sont de plus en plus jeunes et de moins à moins vieux. Ils entrent en adolescence bien avant la puberté , vers 8-9 ans. Devenir un adolescent , c'est ne pas vouloir rester enfant. La rupture se fait entre les classes de CE1 et CE2.Les ados ont également changé à cause de ou grâce à Internet, ce que l'on peut nommer les ados numériques.''

Juin 2014 : le gouvernement abandonne les ABCD de l'égalité.

Texte qu'on peut lire dans ''le Monde'' du 28/06/2014 : on ne sait pas encore précisément par quoi ils seront remplacés. On sait en revanche qu'ils ne devraient pas être généralisés à la rentrée 2014. Les ABCD de l'égalité , outil phare de lutte contre les inégalités entre filles et garçons issus de la Convention interministérielle pour l'égalité -signée pour la période 2013/2018 par 6 ministres , dont V.Peillon à l'Education et Najat-Belkhacem aux droits des femmes- vivent sans doute leurs dernières heures. '' On ne renoncera pas à l'ambition mais on s'apprête à en renouveler les modalités en misant sur la formation des enseignants, en respectant leur liberté pédagogique, se défend-on Rue de Grenelle, en promettant un plan d'action pour lundi 3o Juin..'' Sacrifier les ABCD , expérimentés depuis l'automne dans 275 écoles - sur 48 000 - pour que les enseignants, pris pour cible par les lobbys traditionalistes, puissent endosser plus sereinement leur mission? C'est le message que s'échine à faire passer le ministre de l'Education sans réussir à gommer l'impression , quatre mois après l'abandon de la loi famille, que le gouvernement cède du terrain aux ''anti-genre''.

Le ministre poursuit '' je veux apaiser, je regrette qu'on s'attache à l'enveloppe , au contenant et pas au contenu''. Une enveloppe que la Manif pour tous et les partisans de la militante proche de l'extrême droite Farida Belghoul persistent à voir comme le cheval de Troie d'une prétendue ''théorie du genre à l'école''. Prenant ses distances avec le concept d'expérimentation '' ça m'inquiète , a glissé le ministre, j'ai eu beaucoup de remarques des parents d'élèves disant '' expérimentation , sur les enfants, si vous pouviez éviter...''M.Hamon entend inscrire l'égalité entre les sexes dans la formation des enseignants : '' nous serons ambitieux sur les contenus des programmes qui vont du CP jusqu'à la 3ième du socle commun.'' a-t-il assuré mercredi 25 juin 14 , laissant de côté la grande section, pourtant concernée par les ABCD.

Dans ''le Parisien'' du 30 Juin 2014 le ministre Hamon annonce que, dès la rentrée ,la formation des professeurs s'enrichira du module consacré à l'égalité entre les sexes.

B. Hamon estime que 30 000 personnes seront ainsi formées.''Pour les enseignants déjà en exercice , nous l'intégrerons dans la formation continue'' ce qui pourrait représenter potentiellement 330 000 enseignants du premier degré. Une mallette pédagogique sera également mise en ligne pour aider les enseignants sur la base des modules des ABCD évalués par l'Inspection générale comme étant les plus pertinents , précise B.Hamon. Ces ABCD de l'égalité ont été mis en œuvre dans 600 classes volontaires depuis la Toussaint pour déconstruire les stéréotypes filles-garçons et devaient être généralisés à la rentrée 2014 après évaluation.

Dans la continuité de la lutte contre le mariage pour tous, des groupes d'extrême droite s'étaient inquiétés d'une intrusion de questions de sexualité et une tentative de gommer les différences entre filles et garçons. Le mouvement s'était cristallisé autour d'une supposée ''théorie du genre''.Plusieurs rumeurs infondées – masturbation en maternelle , garçons obligés à s'habiller en robe ...- avaient même conduit des parents d'élèves à retirer leurs enfants de l'école en signe de protestation.

'' Certains ont cru que l'école allait mettre en cause l'identité des enfants , comme si le fait que filles et garçons soient différents remettait en cause le fait qu'ils soient égaux. Il faut démystifier ce que certains ont raconté''a rétorqué B.Hamon. Le ministre , qui souhaite éviter que son geste soit perçu comme une nouvelle reculade du gouvernement, précise qu'il ne se laissera pas intimider par les opposants à la théorie du genre. Najat – Vallaud Belkhacem juge toutefois que l'une des choses les plus importantes est que les parents comprennent de quoi il s'agit. Pour éviter les malentendus , la ministre préconise d'inscrire l'égalité filles-garçons dans leur projet éducatif afin que les parents puissent en être informés en conseil d'établissement. Elle réaffirme également que l'école a bien pour rôle de lutter contre les préjugés et les déterminismes.

Qu'appelle-t-on NEET .

Ce mot vient de l'expression anglaise : Not in Education, employment or training (ni étudiant ni employé ni stagiaire). En français on qualifie ainsi les jeunes qui n'ont pas d'emploi et ne suivent pas les études. Ils seraient actuellement 1 900 000 !

La France ne va pas si mal ,elle a du talent. Dossier réalisé par Olivier Plagnol dans le Sud-Ouest du 24/04/201.06 /06/2016N

Dans son livre ''Heureux comme un Français en France'' – (éd. Presses de la Cité,18€ ) le journaliste Yves Deloison, un des cinq témoins choisis par O.Plagnol , répond aux cinq questions de Sud-ouest -dimanche.Les quatre autres témoins seront : le sociologue Michel Wieviorka – l'économiste Olivier Pastré – l'auteur et producteur québécois Jean-Benoît Nadeau – le célèbre psychiatre Boris Cyrulnik.

Question de Sud-Ouest Dimanche: Pourquoi ce livre ?

Réponse d'Yves Deloison : depuis plusieurs années on constate que le discours ambiant (avec ses acolytes : baisse, agonie,déchéance, chute ,catastrophe...)tourne autour de l'idée que rien ne va plus en France, que tout fout le camp que l'avenir du pays est sinistré. Le déclinisme est devenu la pensée dominante et le politiquement correct.Au-delà de ce discours relayé par les élites et les médias, discours souvent orienté , il y a aussi , au quotidien celui des gens qui vivent en France et qui vise à faire d'un fait isolé une généralité. Quand l'autodénigrement prend de telles proportions , cela devient préjudiciable...J'ai rencontré une difficulté à un guichet de la Poste '' ça , c'est la France'.'J' ai tel ou tel problème personnel ''ça c'est la France''.Notez que les étrangers qui vivent en France ont souvent un regard plus nuancé. Il est donc nécessaire d'avoir des éléments de comparaison ? Comment fonctionne la poste ou l'administration, dans d'autres pays qui nous ressemblent ? Fonctionnent-elles vraiment mieux qu'en France ? Mon idée était de passer un certain nombre de préjugés au révélateur de données concrètes,de chiffres, d'enquêtes ? Voir quels sont les éléments objectifs susceptibles de nuancer ce propos.

Question de Sud-Ouest- Dimanche - : On pourrait néanmoins vous taxer d'innocence et de véhiculer un optimisme béat ..

Réponse de Y.Deloison : - il n'est pas question de verser dans un optimisme béat, je ne suis pas dans cette vision et notre système est évidemment perfectible. J'aborde d'ailleurs des points, en particulier dans le domaine économique, qu'il serait fondamental d'améliorer.Mais j'ai surtout cherché à évoquer ce qui fonctionne bien et même parfois très bien. La France possède nombre d'atouts dont nous devrions nous réjouir.Et au delà des chiffres il existe encore des rituels, un mode de vie, des comportements propres à ce pays....le catastrophisme peut engendrer la catastrophe. Nous sommes en train de nous tirer une balle dans le pied, car tout cela donne du grain à moudre à nos concurrents. .Dans un monde globalisé, hyper-concurrentiel qui a envie de venir ou d'investir dans un pays qui est à ce point sinistré ou qui se dit à ce point sinistré ? Enfin je trouve qu'il y a une certaine forme d'indécence à critiquer à outrance un système qui nous apporte autant en termes de solidarité et de confort. Parfois on me renvoie le fait qu'on ne peut pas dire que les indicateurs sont tous au vert, alors même que tant de problèmes subsistent ,que l'écart entre les plus riches et les plus pauvres se creuse. Mais ces problématiques ne sont pas propres à la France !Nous sommes confrontés à des difficultés planétaires. Prenez par exemple le problème des taxis Uber. On en a énormément parlé en France. Mais au Royaume -Uni , cela fait la une de l'actualisé depuis un moment. L'ubérisation a des impacts partout dans le Monde, ce n'est un problème Franco-Français.

Question de Sud-Ouest- Dimanche : - Vous relevez un paradoxe : les Français dénigrent leur pays, tout en revendiquant leur fierté d'y vivre.Finalement , seraient-ils plus inquiets pour leur pays que pour eux-mêmes ? Réponse de Y.Deloison. : - Toutes les enquêtes le soulignent . Il y en a une qui m'a frappé.Elle montrait que les Français étaient plus pessimistes que les Irakiens ou les Afghans.Franchement cela interpelle. D'autres études avancent que les Français sont relativement confiants à titre personnel mais beaucoup moins pour l'avenir du pays. Nous appréhendons la problématique de la collectivité comme quelque chose de très important, du coup on s'inquiète beaucoup pour son collectif et moins pour sa sphère personnelle.

Question de Sud-Ouest. : La France reste-t-elle un pays admiré, envié ?

Réponse d'Y Deloison : Oui, et même un peu jalousé parfois. Après les événements dramatiques de Janvier 2015, l'image de la France pays des droits de l'homme ouvert au monde a été relayé un peu partout.Elle reste vivace .Promenez-vous dans certains Etats européens et vous verrez des magazines consacrés à la vie en France . Est-ce le cas pour d'autres pays ?

Question de Sud-Ouest : - Et que faites-vous du ''french bashing'' ? La France n' a quand même jamais été aussi critiquée à l'étranger.. …

Réponse de Y. Deloison : - C'est toujours de bonne guerre de critiquer ses concurrents. Souvent les correspondants étrangers des médias ont tendance à relayer les stéréotypes et les préjugés du pays dans le lequel ils travaillent. Effectivement , il existe un ''french bashing'' comme il existe un ''german bashing''. C'est une ''bashing''de l'autre en général et je ne crois pas qu'il y ait une spécificité française dans ce domaine?Sauf qu'en France on adore relayer ces messages-là. Sans pour autant s'interroger sur la pertinence des propos.



Question de Sud-Ouest : - Vous nous donnez cinq raisons de croire en l'avenir de la France ?

Réponse de Y.Deloison : - Une raison imparable : la démographie. Son dynamisme est un point très positif.Après , ce qui me vient spontanément ,sans hiérarchie, je dirais le domaine maritime français .Il est énorme d'une richesse incroyable. Je dirais aussi la Francophonie,qui est en forme. Contrairement à une idée reçue elle se développe. La qualité de vie reste aussi un atout majeur de la France.Prenez sa gastronomie aussi. On nous parle sans arrêt de sa fin.Mais c'est faux.Elle continue de faire référence et de nombreux chefs viennent encore se former en France. Enfin, quand on a 4 millions de personnes capables de descendre dans les rues pour défendre la liberté d'expression, est-ce que vous connaissez un équivalent dans le monde ?

La France a beaucoup de talents dans beaucoup de domaines :

Encore des chiffres qui parlent : La France est la première destination touristique dans le monde en nombre de visiteurs étrangers : 84,5 millions en 2015.

Première nation : - La France est le premier pays d'Europe dans le top 100 des entreprises les plus innovantes du monde ( étude Thomson Reuters -2014)

2 500 : - les Français ont acquis près de 2500 entreprises étrangères pour 200 milliards d'euros, entre 2010 et 2014.

Le point de vue du sociologue Michel Wieviorka . - : '' Dans son dernier livre – (Le séisme.Marine Le Pen présidenteéd. Robert Laffont ' 'le sociologue évoque un scénario (selon lui) catastrophe.C'est pour éviter cette catastrophe que nous devons croire dans l'avenir de la France, dit en substance Michel Vieviorka notre sociologue les plus réputés. Il est aussi conseillé de lire aussi '' Retour au sens. Pour en finir avec le déclinisme'' éd .Robert Laffont.

Un devoir - Avoir confiance dans l'avenir ? Nous n'avons pas le choix.C'est une raison éthique. La démographie de la France est rassurante. Si nous faisons des enfants , plutôt davantage que dans les autres pays européens, c'est bien que nous avons un minimum confiance.Sinon à quoi bon ?

Mutation : - Une analyse convenable et objective des grandes évolutions depuis un demi-siècle nous pousse à croire en l'avenir de la France. Selon les déclinistes, il y aurait les Trente glorieuses, suivies des Trente piteuses.Ils véhiculent l'idée d'un déclin inexorable. Je ne suis pas d'accord . Durant les Trente glorieuses, il existait certes l'espoir d'un monde et d'une vie meilleurs, mais les conditions de travail étaient très dures.Aujourd'hui, elles sont dans l'ensemble moins difficiles. Notre pays est en mutation, ses difficultés sont réelles mais elles sont aussi liées à de grands bouleversements planétaires. La France peut en sortir plus forte et se relancer.

Challenges : - Dans les domaines des organisations du travail, de l'éducation, de la santé, de l'intégration, nous ne sommes pas en phase de déclin, mais plutôt dans une phase de transition. Pensez-vous qu'on était plus heureux dans la France des années 60 ? Cela n'est pas certain. L'espérance de vie n'a cessé d'augmenter. On vit plus vieux et en meilleure santé. Est-ce un signe de déclin ? Nous devons actuellement faire face à de gros challenges mais cela ne veut pas dire pour autant que notre pays est en train de s'effondrer . Nous vivons une sale période,en particulier économique et sociale, avec en plus un système politique qui prend l'eau.Mais n'oublions jamais de regarder les choses à l'échelle mondiale. Les confettis de l'empire aussi , tous ces territoires d'outre-mer qui restent attachés à la France , constituent un immense atout. Il s'agit de ne pas le gâcher.

Influence :- Aujourd'hui on ne peut plus réfléchir à l'avenir d'un pays sans se poser la question de sa place dans le monde.Et dans ce domaine la France possède des talents remarquables . Elle est capable d'exercer une influence militaire , culturelle, linguistique. Malgré quelques bêtises commises, notre pays incarne toujours une certaine idée de la culture. Ce n'est pas pour rien que nos exportations de biens culturels restent très fortes.

De jeunes talents : - Nous possédons des ressources individuelles et de jeunes talents dans toutes sortes de domaines . Je prends pour exemple mon domaine, celui des sciences sociales. Il y a une quarantaine d'années, la France était le centre du monde , avec de grandes stars. Nous avons perdu de cette aura, mais nous en avons conscience et les jeunes générations sont capables de redonner au pays une place importante.Non, la France n'est pas exsangue.

Le point de vue de l'économiste Olivier Pastré qui pense que notre pays n'a pas grand-chose à envier à l'Allemagne souvent érigée en modèle.

''Universitaire reconnu, professeur à Paris 8, membre du cercle des économistes Olivier Pastré s 'est vu confier de nombreuses missions par le gouvernement français, sur l'épargne salariale (1998) ou encore les enjeux économiques et sociaux de l'industrie française (2006). Ancien consultant auprès de la Commission européenne, il s'évertue à démontrer à l'opinion publique , dans ses livres, notamment ''Tout va bien (ou presque)'' coécrit avec Jean-Marc Sylvestre et paru chez Fayard en 2013,que la France a bien plus d'atouts que de faiblesse. Voici ses raisons de croire en notre avenir.

La démographie. : ''Avec 13 naissances pour 1 000 habitants , nous sommes champions d'Europe de la natalité. En Allemagne ce taux n'est que de 8. Le seul pays de l'OCDE qui fait mieux que nous, ce sont les USA. L'histoire a démontré que les pays ayant une démographie dynamique sont ceux qui ont la plus forte croissance.Ce renouveau s'explique par une forte politique familiale depuis la création de la Ve République.Il faut savoir qu'en 2025, l'Europe aura un besoin de main-d'oeuvre estimé à 20 millions de personnes pour maintenir son marché du travail en l'état.

Des entreprises innovantes : -Notre pays regorge de de nombreuses sociétés puissantes dans de multiples secteurs d'activité, à l'image de LVMH,Engie, Vinci, BNP-Paribas...Selon un classement de Thomson Reuters sur les entreprises innovantes, la France est troisième au niveau mondial. Par ailleurs nous disposons d'un tissu de PME d'une belle vitalité. Chaque année , 250 000 entreprises sont créées en France .En revanche nous manquons d'ETI (entreprises de taille intermédiaire, entre 250 et 4 99 salariés). Mais c'est un manque que nous pouvons combler.

Les investisseurs étrangers nous aiment. : - Si nous ne nous aimons pas , les autres nous apprécient .La France est la troisième destination pour les investisseurs étrangers. D'ailleurs, plus d'un million de salariés travaillent dans des entreprises contrôlées par des capitaux étrangers.Alors que ces derniers disent que notre droit du travail est compliqué....Mais notre productivité, la qualité de notre main-d'oeuvre bien notée dans le classement de Shangai et notre système de santé font la différence.

Un pays riche. : - Le patrimoine moyen des Français (290 000 euros) est presque 2 fois supérieur à celui des Allemands et 50% plus élevé que celui des Américains. Le problème est que cet argent est mal orienté , dans l'immobilier ou encore le livret A . Les pouvoirs publics devraient inciter les Français à financer davantage les PME qui peinent à trouver les fonds pour se développer. Ce serait un investissement plus rentable et créateur d'emplois

.Des infrastructures de qualité . : - en matière de transport , notamment. La SNCF a créé un moyen unique en Europe en termes de TGV . Nous avons aussi des infrastructures en télécommunications enviables.Et nous avons l'un des meilleurs systèmes de santé au monde. C'est un critère essentiel dans les choix d'implantation des cadres. Enfin notre système de protection sociale constitue un excellent amortisseur des crises économiques. En 2008, c'est ce qui nous a permis de moins subir les effets du krach que l'Allemagne et l'Angleterre, où les conséquences sociales ont été très violentes.



Le point de vue du célèbre psychiatre '' Boris Cyrulnik'' qui se dit relativement confiant dans l'avenir.

''D'après le Sud-Ouest dimanche du 24/04/2016 Boris Cyrulnik n'a pas répondu à la question'' Quelles sont vos cinq bonnes raisons de croire en l' avenir de la France''. Il a contourné la question en disant '' je suis relativement confiant dans l'avenir à la condition de réussir quelques trans formations majeures . Il faut se retrousser les manches.  '' Rappelons que Cyrulnik a sorti son dernier livre cette fin d'avril : Ivres paradis , bonheurs héroïques-éd.Odile Jacob. ''

Ses analyses personnelles 



La loi de l'évolution. : ''La première bonne raison d'espérer en l'avenir, c'est qu'on court à la catastrophe. Aujourd'hui , il n'y a pas de cap, on ne peut plus gouverner, notre société est bloquée. C'est une loi de l'évolution naturelle et sociétale : après une catastrophe , un effondrement , alors nous n'avons plus le choix que de trouver de nouveaux choix, de se réorganiser , de reconstruire sur de nouvelles bases. Il y a un moment où les rustines ne suffisent plus . Quand cet effondrement et cette réorganisation auront-ils lieu ? Je ne sais pas. Qui aurait pu prévoir à quels moments auraient lieu la révolution de 1789, les deux guerres mondiales du XXième siècle, Mai 68 ?''

L'enfance : - On peut espérer dans l'avenir si on s'occupe mieux de nos enfants.Les nouvelles conditions de l'homme et de la femme ont provoqué de tels bouleversements que les enfants n'ont plus les personnalités identificatoires nécessaires à un développement harmonieux. Aujourd'hui, la majorité des enfants évoluent bien. Mais environ 15% d'entre eux sont en grande difficulté et c'est poignant. Il faut en priorité une réforme de la petite enfance. C'est dans les premiers mois de leur vie que les enfants acquièrent une confiance en eux. Regardons ce qui se passe en Europe du Nord , où le nombre de suicides chez les ados a considérablement diminué. Et puis arrêtons aussi de faire sprinter nos enfants.

Les cultures : - On peut espérer dans l'avenir si on ne perd pas le goût des interactions humaines .On ne peut pas renoncer aux machines dont les performances sont stupéfiantes et à leurs effets bénéfiques. Mais elles ne doivent pas conduire à l'asservissement et à nous couper des relations humaines.On peut espérer aussi dans l'avenir si on parvient à réintroduire de la culture au sens large dans toutes ces zones, en ville ou à la campagne, aujourd'hui déculturées. Il faut y remettre de la culture humaine et miser plus généralement sur les relations humaines.

La fête au village. : -'' On peut espérer dans l'avenir si on développe le sport de bas niveau, le sport de masse, où l'on se rencontre , où l'on échange,où l'on fait la fête. L'antidépresseur , c'est la fête au village . On en revient toujours aux liens humains. Multiplions les associations culturelles, sportives, d' entraide sociale, où ces liens sont privilégiés.''

Des projets  : - ''On peut espérer dans l'avenir si on est capable de proposer des projets généreux aux jeunes. Car à part ceux qui vivent dans les beaux quartiers, ils n'en n'ont plus. Aidons-les à s'impliquer dans des actions humanitaires , par exemple. Donnons- leur la possibilité de prendre une année sabbatique après le bac. Nous devons réinventer des rituels d'initiation pour nos jeunes. ''

Jean-Benoît Nadeau, auteur et producteur québécois pense que la France a des atouts formidables et une très forte capacité d'initiative

''J.B.Nadeau a longtemps résidé en France. C'est un fin connaisseur des Français à qui il a consacré plusieurs livres comme ''Pas si fous ces Français'' paru en 2005 et coécrit avec son épouse Julie Barlow'' et dernièrement est sorti à St.Martin 's Press -avril 2016-310 p. The Bonjour Effect.The secret Codes of French Conversation Revealed. Suivent les cinq bonnes raisons de croire en l'avenir de la France.''

La jeunesse - : ''La France est une des sociétés les plus jeunes d'Europe.Vous avez beaucoup d'enfants , le taux de natalité est très fort, donc aucun problème de dénatalité à résoudre. C'est d'ailleurs une inversion historique à laquelle on assiste.Longtemps, la France a été le pays le plus peuplé en Europe , avant d'être dépassé par d'autres, notamment l'Allemagne lors de la réunification. Et c'est à nouveau en train de changer . Et cette natalité , cette jeunesse constitue un véritable atout. ''

La langue - : ''C'est une force dont les Français n'ont pas conscience. Savez-vous qu'il y a cinq fois plus de francophones dans le monde que de Français ? Je crois qu'on n'est pas loin des 300 millions. Ils représentent des alliés culturels et économiques potentiels, une ressource que vous ne savez pas bien exploiter , contrairement aux Espagnols qui ont beaucoup misé sur leur langue comme moteur de développement économique. Ce déni de l'importance de la francophonie vient de la période de la décolonisation , qui correspondait aussi à la montée de l'anglais dans le monde.Vous en traînez encore les cicatrices .Mais aujourd'hui , la francophonie correspond à une réalité culturelle objective, qui n'a plus rien à voir avec la colonisation. Même dans le milieu des affaires, on a le sentiment que vous dévaluez la portée du français.''

Dynamiques et créateurs - : ''La France est très dynamique dans le domaine de la création d'entreprises. Il s'y crée davantage de sociétés qu'en Allemagne ou au Royaume-Uni. Oui, les Français sont de grands entrepreneurs, et pas seulement dans l'économie. Vous avez une très forte capacité d'initiative dans plein de domaines : artistique, philanthropique,associations humanitaires....Beaucoup de pays vous envient cette capacité à entreprendre et à innover.''

La recherche - : ''La recherche scientifique française demeure très active , très poussée, beaucoup plus que dans la plupart des autres pays. Tout le monde surveille ce que vous faites car vous êtes partout.Regardez le nombre de découvertes récentes qui viennent de France, c'est étonnant. Vous avez cette volonté de pousser les connaissances dans presque tous les domaines . Peu de sociétés dans le monde sont aussi inventives. ''

Un pays qui évolue - : ''On entend souvent en France que tout est bloqué, qu'il est impossible de réformer quoi que ce soit , que rien ne bouge. Je n'ai pas vraiment le même sentiment. Il y a bien sûr certains points , comme le code du travail où c'est difficile, mais des réformes vous en faites ! La France bouge, évolue, se réforme ce n'est pas un pays figé.''

Les chiffres de la rentrée 2017.

12,42 millions d'élèves dont : - 6 791 700 écoliers - 3 340 100 collégiens - 2 289 100 lycées (dont 628 000 lycéens professionnels) - enseignants : 884 300 . établissements : 62 600 .

Le nombre d'élèves par classe : lycées : 29,3- écoles maternelles : 25,5 – collèges 25,2 – écoles primaires : 23,1 – lycées professionnels : 19,9.

.

1A lire : l’élève autonome et créatif, rapport du Recteur Blanchet intitulé :la vie de l’élève et des établissements scolaires- Février 98.

2Revue Autrement n° 123 (septembre 91)

3Lettre ouverte d’un juriste à un nouveau penseur qui craint d’être nu

35

Aucun commentaire de lecteur.
Identifiez-vous pour ajouter un commentaire